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Drilon, 19 ans : "Les trois derniers présidents, ils nous l'ont mis à l'envers"

Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Lundi 31 janvier, rencontre avec Drilon, 19 ans, en recherche d'emploi en Lorraine.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Drilon, 19 ans, près de la mission locale à Hayange (Moselle). (MANON MELLA / FRANCEINFO)

Son visage et son regard donnent l’impression qu’il a beaucoup vécu mais Drilon n’a que 19 ans. Né au Kosovo, il est arrivé en Moselle à l’âge de 7 ans avec sa famillle. Aujourd’hui, il vit à Fameck en Lorraine, à une quarantaine de kilomètres du Luxembourg.

Drilon vient de démissionner d'une usine pour trouver un travail qui paye mieux. Son but dans la vie, c'est de “faire de l’argent”, "pas pour flamber" mais pour aider ses parents. La politique, le vote, l’avenir ? Il n’y croit déjà plus.

"On ne peut pas vivre avec 1 200 euros par mois"

Drilon travaille depuis l'âge de 16 ans. Il enchaîne les "petits boulots", souvent des contrats courts et les boîtes d'intérim. Il se rend souvent à la mission locale d'Hayange (Moselle) pour faire le point avec sa conseillère. C'est elle qui l'a aidé à rédiger son tout premier CV.

Travailleur acharné, Drilon ne sent pas représenté en politique et encore moins considéré. "Je ne me sens pas représenté par Emmanuel Macron. Il ne me fait pas du tout penser à moi."

"Les gens qui sont au-dessus de nous et qui gagnent 10 000 euros par mois nous disent comment vivre avec 1 200 euros..."

Drilon, 19 ans

à franceinfo

"On ne peut pas vivre avec 1 200 euros", lance Drilon qui s'interroge sans trop d'espoir. "Est-ce que les politiciens nous écoutent ? Pour moi non. Ils savent qu'à la retraite, ils vont être bien, alors que nous, on va être mal, comme on a été mal toute notre vie".

Drilon raconte s'être déjà mobilisé avec les "gilets jaunes" à Fameck, où il habite. Mais depuis, il a abandonné l'idée de se mobiliser. "Je ne dis pas que manifester ne sert à rien mais même si on se mobilise ça ne va rien changer". 

 aucun moment de ma vie je ne voterai"

À 19 ans, Drilon n'a pas de carte d'électeur et voter ne fait pas partie de ses projets. "À aucun moment de ma vie je ne voterai. Si je vote pour untel ou untel, qu'est-ce qui va changer ? Rien du tout.

"Si je vais voter pour voter blanc, c'est une perte de temps. Je sais très bien que toute ma vie je voterai blanc."

Drilon, 19 ans

à franceinfo

En politique, Drilon ne croit pas au changement. "À chaque fois qu'il y a une nouvelle personne élue, elle a de bonnes idées au début et après il n'y a plus rien, tout s'envole. Les deux ou trois derniers présidents qu'on a eu, ils nous l'ont mis à l'envers."

"Plus vite je fais de l'argent, plus vite je peux sortir mes parents de la merde"

Drilon préfère se "casser le dos au travail même si c'est pour gagner 1 200 euros plutôt que perdre du temps à aller voter blanc". Son objectif ? Gagner de l'argent pour aider ses parents : "Plus vite je fais de l'argent, plus vite je peux sortir mes parents de la merde et plus vite je serai content".

"Un jour, un monsieur m'a demandé si j'étais musulman. J'ai répondu oui et il m'a dit que je n'avais même pas le droit d'être devant lui."

Drilon, 19 ans

à franceinfo

Déjà victime de racisme, le jeune d'origine kosovare est aussi animé par l'envie de montrer qu'il est à sa place en France. "Un jour, j'espère arriver haut pour dire à ce monsieur que la France, c'est mon pays et que j'ai mieux réussi que lui qui est né ici..."

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