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Eve, 22 ans, étudiante, femme transgenre : "On n'a pas à prouver notre identité"

Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-28 ans. Mercredi 13 octobre, rencontre avec Eve, 22 ans, étudiante en scénographie à Berlin et femme transgenre.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Eve, 22 ans, étudiante à Berlin. (MANON MELLA / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Direction Samois-sur-Seine (Seine-et-Marne) dans la maison où Eve, étudiante en scénographie de 22 ans et femme transgenre, a grandi. "Quand je dois penser à un espace de sécurité, je pense directement à cet endroit et aux moments que j'ai vécus dans mon adolescence avec mes ami(e)s et ma communauté", se souvient Eve.

Eve a fait le choix d'aller vivre à Berlin, en Allemagne, à l'âge de 17 ans. "C'est là où j'ai découvert le monde du spectacle. J'ai fait des shows de drag queen. Le drag, c'est la performance du genre", explique Eve, qui a engagé sa transition de genre il y a deux ans. "J'ai commencé le drag queen en même temps que ma transition, raconte-t-elle. Ça a été vachement libérateur. Tu joues un rôle et en même temps ce rôle se mêle à la foule, tu es toi-même et pas toi-même... Et ça, ça me fascine".

"Je suis dans une communauté queer qui m'embrasse"

"Je ne dis pas que je suis heureuse mais que j'ai maintenant la possibilité d'être heureuse", confie Eve. Si sa transition s'est en partie bien passée, c'est notamment parce qu'elle vit à Berlin, selon elle : "Je suis dans une communauté queer qui m'embrasse. On s'entraide beaucoup entre nous".

D'un autre côté, "ce n'est pas facile parce qu'on vit dans une société qui n'est pas préparée à des personnes comme moi. Quand on reste trop longtemps dans une communauté, plus on sort, plus le contraste est énorme. C'est pas facile à assumer tous les jours quand le reste des gens disent que tu n'es pas supposée être cette personne", regrette Eve qui note une augmentation des crimes et des agressions transphobes ces dernières années. Eve veut aussi alerter sur le risque d'une visibilité qui n'irait pas de pair avec la sécurité : "La visibilité sans sécurité, c'est un danger et c'est un piège. On se montre vulnérable. Quand il n'y a pas une structure politique et sociale qui est là pour nous défendre et nous appuyer, ça nous met en danger.

"Je n'ai pas voté depuis ma transition"

Si Eve a fait le choix de vivre à Berlin, elle reviendra en France pour participer à l'élection présidentielle de 2022. "Je n'ai pas voté depuis ma transition, explique-t-elle. Je suis sensible au social, à l'environnement et à la représentation des minorités en général. Si on commence à parler de personnes dont on ne parle pas souvent, peut-être qu'un jour on parlera de ma communauté."

Eve voudrait que "les personnes cisgenres arrêtent de décider de notre corps. Je ne veux pas qu'on ait à se référer à quelqu'un pour prouver qu'on est trans. On n'a pas à prouver notre identité", conclut Eve qui fait référence à toutes les démarches par lesquelles elle est passée au cours de sa transition.

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