Guerre entre Israël et le Hamas : le Hamas maître du jeu

Depuis le 24 novembre, les échanges entre otages israéliens et détenus palestiniens se passent plutôt bien. Mais le Hamas joue avec les nerfs d’Israël et des pays impliqués dans ce processus de libérations. La prolongation de la trêve semble d’abord bénéficier au mouvement islamiste.
Article rédigé par Frédéric Métézeau
Radio France
Publié
Extrait d'une vidéo diffusé par le Hamas lors de la libération de l'otage israélien de 12 ans Eitan Yahalomi, à Gaza. Un membre du Hamas l'accompagne à un véhicule de la Croix Rouge. (AFP PHOTO / HO / HAMAS MEDIA OFFICE)

Des 4x4 blancs du comité international de la Croix-Rouge sortent de Gaza et rentrent en Israël via l'Egypte. Des retrouvailles émouvantes et télévisées ont lieu entre les otages libérés et leurs proches dans des hôpitaux israéliens. Des détenus palestiniens sortis des prisons israéliennes sont, eux, de retour à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie... Depuis le vendredi 24 novembre, c'est une véritable chorégraphie qui s'est mise en place non sans rebondissements.

Le Hamas dicte l'agenda

Plusieurs fois, le Hamas a retardé les évènements et Israël a menacé de reprendre ses bombardements. Haaretz révèle que le chef politique du Hamas à Gaza a rendu visite à des otages. Yahya Sinouar, ennemi public numéro 1 d'Israël est arrivé par un tunnel raconte le quotidien israélien de gauche, il a parlé en hébreu aux captifs et leur a dit que là, ils ne courraient aucun risque. À Tel Aviv, des milliers d'Israéliens se réunissent en permanence sur la place du musée rebaptisée "place des otages". Nos envoyés spéciaux Marc Garvenes et Vanessa Descouraux y ont passé des heures. Vanessa nous envoie son message de fin de mission.

Note vocale de Vanessa Descouraux
 

La trêve a été prolongée de deux jours, soit jusqu’au jeudi 30 novembre au matin. Très demandée par le Hamas, elle est vécue par la population civile de Gaza comme un répit et rien de plus. À chaque reportage réalisé là-bas, j'ai constaté la résilience de cette société : une fois la guerre terminée, au milieu des décombres, la vie reprenait son cours malgré la pauvreté, le blocus israélo-égyptien et la main de fer du Hamas. Mais 2023 est différente. Avec plus de 15 000 morts et des destructions jamais vues, les structures sociales traditionnelles s'effondrent.

Si l'anarchie menace la bande de Gaza, le Hamas gagne en popularité en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. Car en échange d'un otage, Israël libère trois prisonniers palestiniens, seulement des femmes ou mineures qui n'ont pas commis de meurtre.

Pour Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris et spécialiste du Proche-Orient, la trêve est quand même "une bonne nouvelle pour les populations de Gaza. Mais dans des conflits de cette nature tout le monde a besoin de cette trêve et la redoute d’une manière ou d’une autre, avec la crainte de voir l’adversaire profiter pour ‘dépiéger’ ce qu’on lui a opposé. Le Hamas, évidemment, sort renforcé de ce type de situation. Rares étaient ceux qui croyaient en la possibilité de l’éradiquer. Plus le Hamas est présent sur la scène, plus il donne l’impression d’organiser la temporalité. Et plus il se renforce vis-à-vis des Palestiniens en étant le libérateur des prisonniers, et vis-à-vis de la communauté internationale."

Dans cet épisode : Marc Garvenes et Vanessa Descouraux, Benjamin Thuau et Valentin Dunate, Étienne Monin, Alice Froussard, Bertrand Badie
Mise en ondes : Anne Depelchin
Technique : Clément Vuillet
Production : Frédéric Métézeau

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