Ce que féminiser veut dire
De Madame le ministre à Madame la ministre
En 1952, Germaine Poinso Chapuis, première femme Ministre entre 1947-48, se souvient, au micro de Lise Jou, des problèmes de protocole quand il s'agissait de son nom. Refusant le titre de "ministresse", ce sera "Madame", tout simplement. Madame le ministre.
A cette époque, pas de débat possible, il n'est pas envisageable de dire "Madame la ministre".
Quand Edith Cresson était devenue Premier ministre, on l'avait appelé "Matignonne" dans les journaux...
Le titre "Madame la ministre" est imposé par le Premier ministre Lionel Jospin en 1998 via une circulaire relative à la féminisation des noms de métiers.
L'Académie française s'en émeut. En premier ligne Jean Dutourd qui n'apprécie pas du tout cette idée.
Pour l'Académicien, Lionel Jospin, "pacha dans son sérail de femmes" a cédé aux exigences de son "harem", et ce au détriment de la grammaire.
Les mots sont très durs et ils semblent appartenir à un autre temps. Mais il a toutefois raison sur un point. La pression des femmes du gouvernement sur le Premier ministre. Et la circulaire le dit bien. On peut y lire que "les femmes appartenant à l'actuel gouvernement décident de revendiquer pour leur compte les féminisations du titre de ministre".
"Dès que la fonction est prestigieuse, le féminin devient interdit" (Benoite Groult, 1984)
Le débat n'est pas né en 1998. En 1984, une commission pour la féminisation des noms de métiers et de fonction avait été mise en place.
A cette époque, sa présidente, l'écrivaine Benoîte Groult est l'invitée du Téléphone Sonne sur France Inter. A l'antenne, elle soutient que la féminisation ne pose problème que lorsqu'il s'agit de hauts postes à responsabilité.
"On dit bien la secrétaire du patron, mais on dit Madame le Secrétaire d'Etat !" s'insurge-t-elle.
On le voit, il ne s'agit pas uniquement d'une coquetterie, d'un débat grammaticale, ou d'une revendication de féministes extrêmistes. Ce débat, encore actuel, est aussi une question sociale et politique.
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