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Histoires d'info. Clinton à Davos en 2000 : l'anti-Trump

Donald Trump est vendredi à Davos en Suisse pour participer au Forum économique mondial. C'est le deuxième président des Etats-Unis à faire le déplacement.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bill Clinton, président des USA au World Economic Forum à Davos (Suisse), le 29 janvier 2000. (STEPHEN JAFFE / AFP)

Le 29 janvier 2000, pour la première fois un président américain se rend à Davos en Suisse pour prononcer un discours pendant le Forum économique mondial. Clinton a accepté l’invitation pour fêter le 30e anniversaire du Forum mais aussi pour venir y défendre la mondialisation qui se diffuse à un rythme très rapide. Un vibrant plaidoyer en faveur du libre-échange et contre le protectionnisme : "L’économie mondiale était presque aussi intégrée il y a un siècle, lance-t-il. Mais après la Première Guerre mondiale, les dirigeants aux Etats-Unis et en Europe ont fait, ce que tout le monde reconnaît, des mauvais choix, des choix à court-termes. Plutôt que le partenariat, ils ont préféré le protectionnisme et l’isolationnisme. Pendant des décennies, la mondialisation a reculé avec des conséquences désastreuses."

Argument traditionnel : le protectionnisme et l’isolationnisme de l’entre-deux-guerres ont conduit le monde à la Seconde Guerre mondiale.
L’idée sous-jacente, c’est que le libre-échange, c’est la paix et la prospérité. On est là très exactement dans ce que Clinton a appelé la paix libérale. On est aussi au cœur de la logique du projet européen au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

18 ans plus tard, un président américain viendra défendre une autre conception du monde

Donald Trump devrait défendre le droit des Etats à se protéger, et en particulier le sien avec son fameux slogan "America First". Il ne devrait cependant pas avoir un discours hostile par principe au libre-échange, mais il fera probablement la promotion d’échanges plus équilibrés.

L'échec de la mondialisation défendue par Clinton à Davos en 2000 vaut la victoire de Trump 

Ce qui est frappant, c’est que Clinton avait lui-même parfaitement envisagé cette perspective. Allez, on retourne à Davos en 2000 : "Les nations industrialisées doivent veiller à ce que les pauvres et ceux qui sont frappés par les changements ne doivent pas être laissés à la traîne. Le taux de chômage est actuellement de 4,1% aux Etats-Unis. Dans les zones rurales isolées, le taux de chômage est parfois deux, trois, quatre fois plus élevé. Nous n’avons pas trouvé la solution à ce problème. Quand le développement n’est pas équitable, ces gens peuvent facilement devenir le symbole utilisé par ceux qui ne veulent pas ouvrir davantage nos marchés et construire un monde plus intégré."

C’est exactement ce qui s’est passé. Trump a été élu sur un discours taillé sur mesure pour ces oubliés de la croissance. Clinton avait vu juste. Malheureusement pour lui et pour sa femme.


   

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