Histoires d'Info. En 1968, la gauche battue critique une Assemblée monarchique et illégitime
Un parti qui obtient à lui seul la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale, ce n'est pas une première dans la Vème République. Retour sur 1968, quand l'opposition écrasée utilisait des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux mis en avant aujourd'hui.
Un parti qui obtient à lui seul la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale, comme La République en marche au soir du 18 juin 2017, ce n'est pas une première dans la Vème République. C'est arrivé rarement : le PS en 1981 uniquement, l'UMP en 2002 et 2007. Mais il y a aussi l'UDR gaulliste en 1968. C'était il y a près de cinquante ans et vous allez le constater, l'opposition réduite à sa plus simple expression utilise des arguments qui ne sont pas sans rappeler ceux mis en avant suite à la vague En Marche ! au second tour des dernières élections législatives.
Entre inquiétude et indignation
Première réaction, sous forme d'inquiétude, dans la voix de François Mitterrand. Celui qui a réussi à sauver son siège de député de la Nièvre s'exprime au moment des résultats du second tour, le 30 juin 1968 : "C'est la première fois dans l'histoire de la République en France qu'un parti obtient la majorité absolue mais ce n'est pas la première fois sous une monarchie. On l'a connu sous Louis XVIII, on l'a connu sous Napoléon III. Chacun appréciera mes propos comme il conviendra." Une réaction pas forcément surprenante pour celui qui, quatre ans plus tôt, a publié Le Coup d'État permanent. Cette idée, on l'a retrouvée dans la bouche de certains politiques actuels, notamment du côté de La France insoumise, favorable à une VIème République.
Deuxième réaction, sous forme d'indignation, dans la voix de Waldeck Rochet, le premier secrétaire du Parti communiste français : "Je voudrais cependant faire observer que si le parti gaulliste remporte une majorité écrasante de sièges, il reste minoritaire dans le pays. C'est la loi électorale qui lui permet de réaliser ce tour de passe-passe car si l'on avait appliqué la proportionnelle, le Parti communiste, qui a obtenu 4,5 millions de suffrages, aurait eu 94 sièges." 94 sièges espérés, seulement 34 obtenus au final. Mais on le voit, le débat sur la proportionnelle et sur la question de la légimité de l'Assemblée nouvellement élue n'est absolument pas nouveau.
Une nécessaire reconstruction
Aujourd'hui, à gauche comme à droite, on entend également beaucoup parler d'une nécessaire reconstruction. En 1968, contrairement à aujourd'hui, on n'en parle pas publiquement. Il faut dire qu'à l'époque, la gauche est dans l'opposition depuis dix ans et cette majorité gaulliste écrasante n'est qu'un coup dur de plus. Il faudra attendre le calamiteux résultat de la présidentielle de 1969 pour que les grandes manœuvres commencent.
En 2017, les socialistes mais aussi la droite de gouvernement cumulent les deux échecs en à peine quelques semaines : présidentielle et législative. Pas étonnant que l'idée de reconstruction s'impose chez eux.
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