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Histoires d'info. Quand le TGV "rétrécissait" la France

Le lancement du TGV du futur, la nouvelle génération de trains à grande vitesse, ne règle pas l'un des problèmes majeurs posé par le TGV du passé : l'effet-tunnel, théorisé par les géographes. 

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le ministre des Transports Charles Fiterman, le 22 septembre 1983, lors de l'inauguration du TGV Paris-Lyon (MICHEL CLEMENT / AFP)

Le vendredi 23 septembre 1983 est une date historique pour la SNCF. Ce jour-là est inauguré le dernier tronçon du trajet Paris-Lyon en TGV. TF1 est en direct, le journaliste Jean-Pierre Pernaud est resté sur le quai à la gare de Lyon, ses collègues Michel Chevalet et Yves Mourousi sont à bord du train. Ce dernier est au poste de commandement du TGV, où il reçoit un ministre heureux, Charles Fiterman, ministre des Transports : "Ce n'est pas seulement un pas en avant, mais un véritable changement d'échelle. C'est une modification du mode de vie des gens. Et je dirais presque (que c'est une modification) de la géographie de la France, qui se rétrécit à mesure du temps que l'on gagne." 

C'est une des plus belles réussites technologiques et industrielles de la France

Charles Fiterman

Ministre des Transports à bord du premier TGV Paris-Lyon en 1983

Avec les TGV, la France est effectivement de plus en plus petite. À l'époque, les TGV Atlantique, Méditerranée et Est sont déjà à l'étude. Les tracés font l’objet de tensions entre les villes, qui souhaitent toutes accueillir le TGV, en espérant des retombées économiques.

Pour l'accueil du TGV Nord, les tensions sont particulièrement vives entre deux métropoles régionales : Lille, la capitale du Nord-Pas-de-Calais, affronte Amiens, la capitale de la Picardie. Pierre Mauroy, historique maire de Lille et premier ministre au moment des premières études sur le trajet de la ligne à grande vitesse (LGV), appuie de tout son poids pour que le TGV Nord s’arrête à Lille.

En 1988, la Picardie est privée de gare TGV

Le 4 août 1988, la messe est dite. Sur France Inter, le journaliste annonce : "Stupeur à Amiens. À la vitesse de l'éclair, la décision de Matignon de réaliser le TGV Nord Paris-Lille-Calais-tunnel sous la Manche, sans passer par Amiens, arrive dans la capitale picarde comme une gifle en pleine figure." Située pourtant sur une ligne plus directe entre Paris et le tunnel sous la Manche, Amiens et la Picardie se retrouvent sans gare TGV et dans un angle mort du territoire. Et ce n’est pas vraiment la gare des Betteraves inaugurée en 1994 au beau milieu de la Somme qui a changé la donne...

Pour désigner cette marginalisation de territoires induite par les lignes à grande vitesse, les géographes parlent d'un "effet-tunnel". Un effet qui reste valable pour les TGV du futur.

 

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