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La fermeture des maisons closes (1946)

En avril 1946, sous la houlette d'une élue de Paris, Marthe Richard, la loi sur la fermeture des maisons closes est votée. Mais en jetant les prostituées dans les rues, leur situation s'est-elle améliorée? C'est cela qui pousse la même Marthe Richard à réclamer la réouverture des maisons closes au début des années 1970
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (La fermeture des maisons closes (1946) © Maxppp)

"J'ai demandé aux personnes qu'il pourrait choquer, d'éviter l'écoute de ce programme. Nous allons parler de la prostitution ."

 Et la prostitution on en parle beaucoup au printemps 1946. La loi fermant celles qu’on appelle pudiquement  "Les maisons" vient d’être votée. Ces maisons le sont alors vraiment closes, puisqu’il s’agit d'elles, les maisons closes, les claques, les maisons de tolérance ou bien sûr, les bordels.

C’est Marthe Richard, une élue de Paris, qui est à l’origine de la loi votée en avril, et appliquée en novembre 1946. Selon elle, les maisons closes légalisaient un véritable esclavage des femmes et engraissaient des proxénètes qui ont largement collaboré avec l’occupant allemand.

Au cours d'une émission de radio en mai 1946, Irène Joliot-Curie, prix Nobel de Physique s’inquiète des conséquences de la fermeture des maisons closes pour les prostituées

"De deux choses l'une, ou bien il faut que ce métier soit effectivement supprimé, ou bien il faut qu'il soit considéré comme un autre métier, qu'on l'exerce non pas dans l'atmosphère trouble qui règne actuellement mais dans des conditions ordinaires avec des assurances sociales, l'inspection du travail.. ." (rires dans le public)

 Elle voit juste. Encore moins encadrée, le prostitution se fait désormais exclusivement dans des conditions qui feraient presque regretter le temps des bordels. En 1965, Jean Yanne regrette la fin des maisons closes...Mais il n'est pas le seul !

Plus étonnamenent, c’est le cas de Marthe Richard, oui oui la même qu’en 1946, qui en août 1973 souhaite désormais la réouverture des maisons qu’elle avait fermées…

"Je demande qu'on rouvre des maisons puisqu'on ne peut pas empêcher la prostitution...C'est le moindre mal. C'est mieux que de voir des femmes aux portes des hôtels ou dans les rues."

 Les maisons ne rouvriront pas. Mais les débats actuels sur les mesures à prendre, entre délit de racolage et pénalisation des clients, prouvent que près de 70 ans après le vote de la loi Marthe Richard, le problème est loin d’être réglé. 

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