Le plan Neige, ou quand la haute montagne se pare de béton (1964-1977)
Nous sommes à la fin du mois de décembre 1961 et l’angoisse profonde de tous les skieurs amateurs se transforme malheureusement en réalité…Le bulletin météo ne laisse guère de doute: il n'y aura pas de neige à moyenne altitude pour ces vacances de fin d'année. Le présentateur fataliste lance alors...
"Il faudrait aller chercher la neige plus haut... "
Allez plus haut chercher de la neige, voilà qui semble une plutôt bonne idée, d’autant que le ski se développe très vite en France et paraît la solution magique pour sauver des montagnes en voie rapide de désertification. Mais pour aller chercher l’or blanc, d’énormes aménagements, très couteux sont nécessaires.
Outre la modernisation des anciennes stations, il s’agit surtout de créer de toutes pièces des stations de montagne avec un objectif très ambitieux : construire 350.000 lits. Le plan Neige, c’est son nom, s’étale sur 13 ans, entre 1964 et 1977 et aboutira finalement à la construction de 150.000 lits, ce qui n’est déjà pas mal, et à la naissance de stations que vous connaissez probablement : La Plagne, Les Arcs, Flaine, Avoriaz, Isola 2000 ou Tignes…
La grande figure du plan Neige est un promoteur. Roger Godino, le fondateur des Arcs défend sa station, selon lui parfaitement intégrée dans le paysage.
Mais bientôt, les arguments des promoteurs se heurtent aux critiques de plus en plus virulentes de ceux qui voient dans ces usines à ski la réplique des banlieues des grandes villes…Le responsable de la montagne au Secrétariat d’État au tourisme ne peut que le reconnaître.
Jamais contents, les skieurs ont enfin de la neige quasi assurée, mais le cadre bétonné ne leur plaît plus…Alors, on va se lancer au milieu des années 1970 dans la construction de station d’un nouveau type, à plus basse altitude, mieux intégrée dans le paysage et reprenant l’architecture classique de la montagne à l’image de Valmorel, mais aucune d’entre elles -on parle de stations de 4ème génération- ne parviendra à concurrencer les usines à ski de haute altitude, comme si malgré toutes les critiques, les touristes étaient prêts à fermer les yeux pour un peu de poudreuse.
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