Les robots : entre utopie et dystopie
Le robot, ce libérateur de l'homme
Le 22 mars 1953, sur les ondes françaises, l'excitation est palpable. Une très vieille utopie de l'homme semble sur le point de se réaliser. Pour permettre à l'homme de trouver sa liberté et pour épargner sa peine, la science lui trouve des remplaçants.
Cette science, c'est la cybernétique et ces remplaçants, ce sont les robots qui, demain, remplaceront l'homme dans les tâches ingrates. Et mieux encore, grâce la cybernétique, les cerveaux électroniques seront une réalité.
Cette certitude anime les experts dans les années 1950. Éblouis par les capacités de calcul des ordinateurs, ils sont persuadés qu'il ne faudra pas plus de vingt ans pour que les robots tondent la pelouse, nettoient les sols... Et en 1953, grâce à la parution de "L'ère des robots" du journaliste scientifique Albert Ducrocq, père de la cybernétique elle dépasse largement le cadre scientifique.
Le robot qui libère l'homme, le robot qui travaille pour lui (étymologiquement, robot vient du russe "travailler") c'est une utopie très ancienne formulée notamment par le poète et romancier Théophile Gautier en 1848.
"L'humanité s'émancipe peu à peu. Bientôt, l'ouvrier sera affranchi lui-même. Mais voici qu'un esclave nouveau va le remplacer près de ce dur maître. Un esclave qui peut haleter, suer et geindre marteler jour et nuit dans la flamme sans qu'on ait pitié de lui.
Ses bras de fer remplaceront les frêles bras de l'homme. Les machines feront désormais toutes les besognes pénibles ennuyeuses et répugnantes.
Le républicain, grâce à ses ilotes à vapeur aura le temps de cultiver son esprit"
Les robots, ce cauchemar pour l'homme
Dans les années 1950, cette utopie s'oppose à une dystopie, une contre-autopie, celle de robots plus intelligents que les hommes et qui au bout du compte finiraient par prendre le pouvoir.
C'est pourquoi le grand écrivain de sciences-fiction, Isaac Asimov invente une nouvelle sorte de robots, les robots positroniques gouvernés par trois lois les empêchant de porter atteinte à l'humanité :
*- Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger
Une angoisse que l'on retrouve sous la plume de Mary Shelley dans son cultissime Frankenstein paru au début du XIXe siècle et adapté au cinéma dans les années 1930. Echappant au contrôle de son créateur, la créature sème la terreur dans la ville, rend les femmes hystériques...
Bien loin de ces angoisses, les nombreux robots présentés lors du CES de Las Vegas à partir d'aujourd'hui sont rassurants, mignons, compagnons de jeux ou aide à la maison.
Mais, dès 1953, on nous prévenait :
"La cybernétique nous apporte une réalité hallucinante, l'usine sans ouvriers ! "
Alors à l'heure du chômage de masse, il serait peut-être temps de rajouter une nouvelle loi à celles définies par Asimov il y a cinquante ans...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.