Monter dans un avion ? Un vieil agriculteur de Notre-Dame-des-Landes n'y tient pas (1974)
Retour à la fin du mois de janvier 1974. Le projet d’aéroport du Grand Ouest, plus communément appelé "aéroport de Notre-Dame-des-Landes" est en bonne voie. Les pouvoirs publics viennent de délimiter une ZAD, zone d’aménagement différé, qui permet sur 14 ans au département de Loire Atlantique d’acquérir les terres, notamment par préemption.
Des terres décrites à la télévision dans le Journal Régional
A 20 km au nord de Nantes, la campagne. Des communes paisibles, une zone agricole où l'élevage marche bien, où les agriculteurs sont assez prospères.
Un aménageur voit les choses différemment:
On a calculé par un nombre de procédés sur lesquels nous ne nous étendrons pas, que la situation de l'aéroport de Notre-Dame des Landes était relativement proche de ce qu'on peut appeler, le centre de gravité de l'ensemble des grandes villes de l'Ouest.
Le froid calcul d’un centre de gravité vient immédiatement contredire l’environnement social et naturel de Notre-Dame-des-Landes. Dans un livre publié en 1976 au titre éloquent "DEGAGE !... ON AMENAGE." les auteurs parlent de "terrorisme des études".
Mais au moment de la sortie de ce livre, le projet est totalement à l’arrêt, voire même abandonné. L’activisme des anti-aéroport n’y est pas pour grand-chose. C’est la crise économique qui a tué le projet.
Un projet qui renaîtra discrètement dans les années 1990, porté par les grands élus locaux avant que l’Etat jusque-là discret ne le relance officiellement. Lionel Jospin, Premier ministre, le 26 octobre 2000 :
Les principaux aéroports régionaux seront développés dans le respect des contraintes environnementales. Parce qu'ils constituent un véritable atout d'aménagement du territoire et de développement économique. Et donc, les capacités par exemple du futur aéroport de Nantes, Notre-Dame-des-Landes, seront adaptées à ses vocations de plateforme d'échanges entre l'Ouest et autres pôles, notamment européens.
Cette décision qui a officiellement remis le projet sur les rails n’a pas éteint, loin de là, les résistances très fortes depuis cinq ans.
Et pour finir, j’aimerai donner la parole à un vieil agriculteur de 1974 qui n’imaginait pas monter un jour dans un avion de Notre-Dame-des-Landes de son vivant… non pas qu’il doutait de la construction de l’aéroport…
- Journaliste: Vous prendrez peut-être l'avion, si vous êtes toujours là?
- Agriculteur: Oulalalalala! Je peux déjà pas monter dans mon lit, alors monter dans un avion...
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