Netflix, ultime assaut contre le cinéma français ?
En 1948, alors qu'ils se trouvent confortablement assis dans leur salle de cinéma, les spectateurs d'une salle de cinéma du XVIIIe arrondissement de Paris ont la surprise d'entendre le cinéaste Jean-Paul Le Chanois leur délivrer un message, interrompant de fait la séance.
Et ainsi leur demander d'aider les professionnels du secteur à protéger le cinéma français en danger de mort.
Après-guerre, le cinéma français en "danger de mort"
Ce sont des mots très forts et pour les comprendre, il faut remonter à l'année 1946, année de la signature des accords Blum-Byrnes. Il s'agit en effet d'un plan d'aide américain d'un montant d'un milliard de dollars. Là où le bât blesse, cependant, c'est que cet accord comprend une annexe.
Les écrans français laisseront un large accès aux films américains, mettant ainsi un terme aux quotas décidés pendant la guerre. Cela fait le bonheur des cinéphiles, mais le monde du cinéma se mobilise. On pourrait citer en exemple le cinéaste Claude Autant Lara -membre de la CGT avant de connaître un parcours politique plus droitier- qui, toujours en 1948, lit à la radio "Le manifeste du comité de défense du cinéma français".
Des aides pour exister face aux grandes productions américaines
Et cette mobilisation va porter ses fruits puisqu'en septembre de cette même année 1948, le Journal Officiel publie la première loi d'aide du Centre national du cinéma (CNC) aux producteurs de films et aux exploitants de salle.
Il faut attendre le début des années 90 pour que resurgisse cette angoisse de la mort du cinéma français, avalé par l'ogre américain. En effet, le système d'aide au cinéma français est menacé par les Etats-Unis dans le cadre des négociations du GATT qui introduit alors les services.
1948, 1993 et désormais Netflix...
Ainsi, en 1993, les artistes se mobilisent de nouveau et les mots employés par Isabelle Huppert ressemblent fortement à ceux de 1948. Et toujours comme en 1948, le cinéma français s'en sort en imposant aux Américains l'exception culturelle.
De fait, on pourrait se demander si l'arrivée en grande pompe de Netflix en France ne constitue pas l'utlime round du combat pour un cinéma français qui n'en finit pas d'avoir peur de mourir...
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