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Pinault vs Arnault, la guerre du luxe (1999)

L'ouverture d'une fondation d'art contemporain par François Pinault, après celle de Bernard Arnault, n'est qu'une nouvelle étape d'une rivalité née en 1999.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour ce matin le 19 mars 1999. Un jour d’orage, en tout cas dans le ciel du monde du luxe. Bernard Arnault, qui régnait sur ce marché juteux voit débouler un nouveau concurrent, français comme lui, et avec beaucoup d’appétit.

"Pour 18 milliards de francs, François Pinault s'est offert Gucci. Un pied de nez au numéro un mondial du luxe, le français LVMH. Son patron Bernard Arnault lorgnait depuis cinq mois sur la maison italienne. Cette-fois ci la guerre est déclarée quoi qu'on en dise."
François Pinault : "L'objectif est de construire un groupe avec des hommes, avec des grandes marques d'une façon positive. Ce n'est pas contre M. Arnault ou contre quiconque."
Journaliste : "Vous l'avez mis au courant avant, ou vous avez discuté avec lui  ?"
François Pinault : "Je n'ai pas l'habitude de dire le jour où on va déclarer la guerre, le jour où on attaque et où on attaque.. ."

Ce n’est pas contre Bernard Arnault, mais le mot  "Guerre", est tout de même prononcé par François Pinault lui-même !

Jusqu’alors les choses étaient clairement établies. A Bernard Arnault, le luxe autour de LVMH, à François Pinault, la distribution autour de Printemps, de la Fnac, de La Redoute ou de Conforama…

Et en un jour, non seulement Pinault prend le contrôle de 40% de Gucci, Arnault devenant minoritaire avec ses 25% de la marque italienne, mais il prend également le contrôle de Sanofi Beautés et de son fleuron, Yves Saint-Laurent, sur lequel Arnault lorgnait également !

Bernard Arnault ne pense qu’à sa revanche. Il se sent humilié, lui le polytechnicien, par cet autodidacte breton sorti de l’école à 16 ans. Après avoir échoué à faire légalement capoté le rachat de 40%  Gucci par Pinault, il fixe un prix très élevé à l’humiliation qu’il a subie, en vendant chères, très chères, ses 25% de Gucci qui obsèdent son ennemi. Début septembre 2001, l’affaire est réglée :

"La bataille Gucci est finie mais ne cherchez pas de vainqueurs ou de vaincus. A ecouter les parties en conflit, tout le monde a gagné. Le groupe de Bernard Arnault entend se désengager totalement d'ici la fin de l'année, et il a déjà fait ses calculs, il peut espérer engranger une plus-value de 700 millions de dollars. Depuis que François Pinault lui a soufflé Gucci en 1999, Bernard Arnault n'avait qu'une obsession, se venger en extorquant le maximum de son ennemi. Aujourd'hui, il estime que c'est mission accomplie."

L’ouverture d’une fondation d’art contemporain au cœur de Paris par François Pinault quelques mois seulement après celle inaugurée par Bernard Arnault dans le bois de Boulogne, nous prouve que cette lutte, très personnelle, entamée il y a 17 ans, n’est pas terminée.

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