Quand la redevance se présentait comme un taxe "juste"
Retour en mars 1955. A la radio, une publicité se fait entendre...
"Monsieur préfère le théâtre, Madame préfère la musique, les enfants préfèrent les variétés...Comme un seul poste ne peut recevoir qu'un seul programme à la fois, Monsieur, Madame et les enfants ont bien du mal à se mettre d'accord pour le choix d'une émission. Alors, qu'attendent-ils pour acheter un deuxième poste de radio? Le deuxième poste au foyer ne paye pas de taxe... Il vous faut un deuxième poste de radio !"
Un deuxième poste de radio, pour la paix dans la famille et en plus sans taxe !
Mais cet argument ne tiendra plus à partir de 1980. A cette date en effet, si la radio publique continue d’être financée par la redevance, les auditeurs ne la financent plus. Sauf bien sûr s’ils ont une télévision.
Les postes TV étant assujettis à cette taxe dès 1949, incroyablement tôt relativement à la diffusion de ce nouveau média. On ne compte en effet que quelques centaines de téléviseurs en France. Mais l’on imagine aisément un développement rapide.
Reste qu’au départ, la redevance est imaginée comme un impôt juste, seuls les plus favorisés ayant les moyens de s’offrir un poste de télévision. Et cette conception des choses, on va la retrouver très longtemps.
En 1974, si désormais huit foyers français sur dix ont la télévision, moins d’un sur dix la reçoit en couleurs, ce sont ces "privilégiés" qui sont alors ciblés. Jacques Chirac premier ministre leur annonce la mauvaise nouvelle :
"Le gouvernement a décidé de retenir le niveau voté par le parlement, c'est-à-dire 140 francs pour la redevance en noir et 210 pour ce qui concerne la couleur."
Mais le développement ultra-rapide de la télé couleur est tel qu’il faut trouver autre chose…En 1979, alors qu'un tiers des foyers en sont désormais équipés, le sénateur Jean Cluzel a une idée…
"Certains roulent en R5, d'autres en 504. Et celui qui roule en 504, ça lui coute plus cher que celui qui roule en R5. Et bien il est tout à fait normal que celui qui a les moyens d'avoir soit dans sa maison principale soit dans sa résidence secondaire deux ou trois postes, paye davantage que la personne qui ne dispose que d'un poste."
Cette mesure ne sera jamais retenue. Et c’est un peu la dernière tentative pour donner à cette taxe forfaitaire, c’est-à-dire dont le montant est le même pour tous les Français quels que soient leurs revenus, une dimension sociale, puisque aujourd’hui ce sont les trois quarts des foyers fiscaux français qui la payent.
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