Quand les Etats-Unis "sauvaient" l'économie mexicaine (1989)
Retour en septembre 1982. Depuis quelques semaines, le Mexique est en "faillite", ne pouvant plus rembourser sa dette, ou plutôt ne pouvant plus emprunter pour rembourser sa dette. Un pays surendetté, un climat social bouillant et des mesures chocs qui vous feront peut-être penser à un autre pays, en Europe celui-là.
La Grèce avait son euro qui rassurait les créanciers, le Mexique avait son pétrole. Et dans les deux cas, deux économies qui vivaient au-dessus de leurs moyens dans un contexte, il faut bien le dire, de corruption et de clientélisme. Le Mexique était un peu aux Etats-Unis ce que la Grèce est aujourd’hui à l’Europe. Economiquement, le risque de diffusion d’une crise à tout le système bancaire américaine et politiquement le risque d’une instabilité aux frontières des Etats-Unis.
Aide financière contre mesures d'austérité
A partir de 1982, les institutions financières internationales, Banque mondiale et FMI, soutiennent le Mexique en échange de mesures d’austérité. Mais à la fin des années 1980, le pays est étranglé et la crise n’est pas réglée. Une solution est finalement trouvée en 1989. Sur Antenne 2, Philippe Lefait annonce la bonne nouvelle:
François Mitterrand est content. Il vient d'écrire au président du Mexique pour se réjouir de l'accord sur la dette de ce pays. Pour le chef de l'Etat français, c'est la première application concrète du sommet des 7 pays les plus industrialisés à Paris le 14 juillet. Les banques créditrices réduisent de 35% les 54 milliards de dette de la dette mexicaine
Contrairement à ce que laisse entendre Philippe Lefait (et François Mitterrand), l’essentiel de l’accord vient de la pression de Washington.
Cet accord, c’est ce qu’on appelle le plan Brady. Ce plan donne de l’air au Mexique, et par la suite à beaucoup d’autres pays surendettés qui en profiteront. Pour résumer, en 1989, le plan Brady propose un échange des créances bancaires contre des titres garantis par le Trésor américain (des obligations sur 30 ans, à échéance 2019), à condition que les banques réduisent le montant des créances et qu’elles remettent de l’argent dans le circuit. En retour, les pays aidés s’engage dans de nouvelles réformes structurelles : austérité, privatisation, libération, ce qu’on appelle le Consensus de Washington.
Le Mexique avait accepté, ouvrant une période économique faste, avant que les capitaux ne repartent brusquement du pays, le replongeant dans une crise financière très sévère en 1994…
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