S'allier à ses ennemis, une stratégie risquée
Retour le 25 aout 1939. Deux jours plus tôt, l’URSS de Staline et l’Allemagne d’Hitler ont conclu un pacte de non-agression largement contre nature quand on sait à quel point les idéologies communistes et nationalistes sont éloignées.
A la radio, le président du Conseil, équivalent de notre Premier ministre actuel, Edouard Daladier dénonce ce pacte contre-nature et perçoit très justement son caractère dangereux pour la sécurité de l’Europe.
"La Russie a signé avec l'Allemagne un pacte qui lui permet de se dérober aux obligations que lui imposait la politique qu'elle a cependant toujours publiquement affirmée. Sans doute ce traité vise à proscrire une agression de l'Allemagne contre la Russie, ou de la Russie contre l'Allemagne, mais ces deux pays n'ont pas de frontière commune. En réalité les circonstances obscures dans lesquelles ce pacte a été négocié, l'heure à laquelle il a été publié, les termes de ses articles, démontrent qu'il augmente les chances d'une agression contre les amis de la France et contre la France elle-même."
S’allier à son ennemi d’hier pour garantir ses propres intérêts, rien de bien nouveau sous le soleil en fait. Il n’est qu’à lire ou relire Le Prince de Machiavel pour s’en convaincre. L’histoire des relations internationales est bourrée de retournement d’alliances.
Mais si l’intérêt à court terme est souvent évident, à moyen terme cela peut s’avérer problématique…
Ecoutez cette archive américaine de 1948, elle concerne le pacte germano-soviétique et plus particulièrement ses clauses secrètes.
"Aujourd’hui le Département d’Etat révèle dans des émissions comme celle-ci les détails des clauses secrètes du pacte. La radio Voice of America est diffusée dans le monde entier et plus particulièrement dans le bloc soviétique. La diplomatie secrète d’hier est maintenant révélée au monde"
Dans le contexte de la guerre froide naissante, et pour affaiblir Moscou, les Américains ont donc diffusé les preuves d’un rapprochement entre Soviétiques et Nazis, rapprochement non pas pour la paix mais pour se partager l’Europe.
Alors, et les Américains un temps alliés de Ben Laden, le savent mieux que quiconque, s’allier à ses ennemis peut avoir du bon, mais l’aubaine d’aujourd’hui peut se transformer en boomerang demain.
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