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"Un vaccin dans les deux ans", le SIDA en 1984...

Les premières années du SIDA ont été paradoxalement marquées à la fois par une profonde angoisse et par des déclarations d'un optimisme qui surprend aujourd'hui.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour  le 23 mai 1983. Sur France Inter, Jérôme Bonaldi annonce l’existence d’une maladie encore inconnue, mais qui n’inquiète guère Willy Rozenbaum, l’un des découvreurs français du virus :

 

"C'est surtout dans l'imaginaire des gens que ça a pris une des proportions importantes. Il ne s'agit absolument pas d'un fléau."

 

Isoler le virus et en connaître les causes sont absolument essentiels pour le combattre. Et un an plus tard, en avril 1984, ceci étant désormais clairement établi, c’est l’optimisme qui règne. Illustration dans le journal d’Antenne 2, présenté par Bernard Rapp :

 

"Le SIDA serait sur le point d'être vaincu. Les Américains ont dépensé 75 millions de dollars en recherche et on peut penser qu'un vaccin sera mis au point dans les deux ans à venir. On voit le bout du tunnel."

Les illusions ne s’achèvent pas pour autant avec la diffusion très rapide et avec la perspective de plus en plus lointaine d’un vaccin. En 1989, le docteur Jean-Pierre Escande qui dirige alors le Groupe SIDA de l’hôpital Cochin donne une interview à l’Express, ses propos étonnent: selon lui, le SIDA est sur le point d'être enrayé.

Le SIDA enrayé, c’est davantage la conclusion du rapport annuel de l’ONUSIDA publié, non pas en 1989 mais il y a quelques mois seulement en juillet 2015.

 

A l’écoute de ces archives des premières années de l’épidémie, on ne peut qu’être surpris par légèreté des uns ou l’optimisme des autres, qu’il faut évidemment se garder de juger avec notre regard d’aujourd’hui et avec en tête les 20 millions de morts du sida depuis 30 ans.

Aujourd’hui c’est davantage la triptyque prévention/ dépistage précoce/ soins adaptés qu’un hypothétique vaccin qui peut vaincre le SIDA. Dès lors, et alors que 30.000 personnes vivent en France avec le VIH sans le savoir, l’arrivée de l’autotest ne peut être qu’une très bonne nouvelle.

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