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Kadhafi à Paris, acte 2, et la cour des comptes

Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

Avec d'abord les suites de la polémique autour de la visite en France de Kadhafi...

Il plante sa tente à Paris, c'est la récompense et la rédemption, mais il met le feu : c'est la une de l'International Herald Tribune...
Les 10 milliards de contrats avec Kadhafi s'étalent à la une du Figaro, mais c'est le malaise qui à la une du Parisien-Aujourd'hui en France, le feu nourri des critiques à la une du Monde, une apostrophe, "Silence on vend", à la une de Libération avec une photo de Rama Yade, Rama Yade, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme. Après avoir été la femme du jour hier avec ses critiques contre la visite du dirigeant libyen, elle est au centre des interrogations de beaucoup de vos journaux ce matin, pour ne pas dire presque tous.

Elle parle mais ne part pas dit le Parisien, qui s'interroge : a-t-elle commis un faux pas hier ou interprété un rôle pour faire diversion comme le suggère le député Vert Noël Mamère ?
Sa colère était-elle feinte se demande aussi l'Humanité, qui parle au minimum d'une colossale ambiguité.
Rama Yade, c'est la hantise de la potiche, écrit Libération, elle veut exister, mais elle manque de cohérence, d'ailleurs on ne l'a pas entendu en Afrique, en Chine ou en Russie.

Pour l'Est républicain, sincère ou pas, il reste qu'elle a eu pour le président de la République des mots terribles hier, en suggérant que le paillasson, c'était lui, et lui encore qui recevait le baiser de la mort de son nouvel ami du désert... On aimerait son intrépidité, on saluerait son courage dit l'Est républicain si elle n'avait pas vite fait remis de l'ordre dans ses indignations avant un lamentable rétropédalage...
Bref pour l'Est républicain, elle a finalement montré elle aussi que l'indignation ne pèse jamais bien lourd devant les intérêts commerciaux et politiques...

L'autre victime de la première journée en France de Kadhafi, c'est Bernard Kouchner, promu par le Progrès de Lyon ministre aux Avalements de chapeaux étrangers... le French doctor qui est malade note charitablement la Montagne à Clermont-Ferrand... Il y avait déjà eu des symptômes, poussée de fièvre diplomatique, malaises bulgares... diagnostic : indigestion de couleuvres... Hélas dit la Montagne, on ne lui a pas donné les clés de la pharmacie, il va donc s'appliquer un remède classique : mise au silence dans l'ombre et régime sans média, avec comme voisine de chambre Rama Yade pour laquelle dit la Montagne le traitement sera plus lourd et les effets secondaires plus sérieux.-La Montagne qui se demande elle aussi si Rama était sincère ou faisait diversion...

Enfin le dernier mot pour aujourd'hui à un fin connaisseur de la diplomatie et de ses subtilités...

C'est l'ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas... Alors que ses amis ou ses ex-amis socialistes déchaînent leurs critiques, est-il lui-même choqué par la visite de Kadhafi lui demande le Parisien ?
Et bien pas du tout répond Roland Dumas, il considère comme Nicolas Sarkozy que c'est un aboutissement, parce que selon lui Kadhafi a changé avec le monde. Oui dit-il, le Kadhafi d'aujourd'hui est fréquentable, au moins au nom des intérêts économiques bien compris, et il faut arrêter les procès d'intention. Et sa famille socialiste au fait, est-ce qu'elle est fréquentable ? Sa réponse c'est qu'une fois de plus les socialistes confirment leur penchant à manquer les trains quand ils passent...

Egalement dans la presse, les nouvelles victimes de la cour des comptes...

C'est dans le Parisien, qui s'est procuré le rapport qui sera publié demain sur les dérapages financiers des grands chantiers culturels.
Verdict : la facture est beaucoup trop salée pour les trente chantiers prioritaires...
Pour le Quai Branly par exemple, 85 millions d'euros de dérapage, pour le Grand palais au moins 80 millions d'euros, un dérapage géant de 233 pour cent, et un véritable imbroglio avec des travaux en cours depuis dix ans... un dossier tellement compliqué que même les enquêteurs ont du mal à chiffrer le coût réel des travaux.

Les magistrats de la cour des comptes s'inquiètent aussi du déséquilibre Paris-province : ce qui ressort, c'est que le gouffre des grands chantiers parisiens ont des conséquences directes sur l'état du patrimoine des régions.
A trop puiser dans les caisses pour des opérations de prestige à Paris, dit le Parisien, l'Etat n'a plus les moyens de financer les restaurations dans les régions, alors que 20 pour cent des 45 000 monuments recensés sont classés en péril.

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