Cet article date de plus de douze ans.

La parabole du joueur de poker

La sortie de l'euro pour la France : un séisme économique et social. Egalement au sommaire, une idée pour sortir de la crise : entre le poker et la roulette, l'économie comme au casino.
Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 13min
Franceinfo (Franceinfo)

A la Une : le scénario-catastrophe de la sortie de l'euro et la solution anti-crise venue des tables de poker du casino.

Les titres : a vec "la grande purge du champion française de l'atome", c'est le titre des Echos après l'annonce hier du plan de redressement chez Areva... C'est aussi à la Une du Figaro, "le géant français du nucléaire en difficulté", et l'Echo de la Haute-Vienne résume les inquiétudes pour l'emploi en France et en Allemagne chez Areva avec ce titre "l'accident nucléaire"... tandis que la Croix consacre justement au nucléaire un cahier spécial de quatre pages pour poser tous les enjeux du débat : pour ou contre la sortie du nucléaire.

La politique : c'est la Une de Libération, "Sarkozy cerné", cerné par les candidatures qui se multiplient à droite, Bayrou, Villepin mais aussi  Nihous, Dupont-Aignant et les autres, ils sont déjà huit... Explication de Paul Quinio dans Libération : Nicolas Sarkozy se retrouve aujourd'hui face à une famille décomposée façon puzzle, une famille déroutée par sa pratique du pouvoir et par ses zigzags idéologiques. Les déçus à droite du sarkozysme sont nombreux et la majorité va se les arracher comme on s'arrache des parts de marché...

France Soir s'intéresse aussi à toutes ces candidatures à droite comme à gauche, "l'année des surprises", France Soir qui publiera en principe jeudi son tout dernier numéro pour abandonner la version papier et pour basculer entièrement sur internet. On aura évidemment l'occasion d'y revenir cette semaine sur France Info, c'est un tournant très symbolique.

Autre chose à la Une du Parisien et d'Aujourd'hui en France avec un dossier sensible, l'argent des syndicats, dossier tellement sensible que le Parisien raconte comme un rapport d'enquête parlementaire explosif a été enterré. Enfin à la Une de l'Equipe, le champion des champions France 2011, c'est "Karabatic le magnifique", c'est le titre de l'Equipe qui récompense Nicolas Karabatic pour son titre de champion du monde conquis avec l'équipe de France de handball, pour ses titres nationaux, et pour l'image splendide qu'il offre du sport de haut niveau.

L'actualité du Web

The Pariser

Un magazine en ligne "cosmopolitain et sophistiqué", voici la
promesse de The Pariser.

Lancé il y a un mois, The Pariser vient compléter l'offre
déjà importante de sites d'information français disponibles sur le Net.

La France est donc plutôt bien dotée en pure players consacrés
à l'actualité, de Rue89 à Mediapart, de Arrêt sur Images, d'Atlantico à Streetpress, de MyEurop à OWNI, de Quoi.infoà Newsring. Et depuis quelques semaines The Pariser.

Un clin d'œil appuyé au très classe magazine américain The
New Yorker
, connu pour son élégance graphique.

Un univers que l'on retrouve immédiatement sur la page
d'accueil du site au design épuré. Pas de dépêches urgentes dans la barre de
menu, mais le pneumatique du jour. Idem pour la citation du jour, ce matin,
c'est Katerine Hepburn qui est convoquée.

Actualité internationale, culture ou encore photographies sous
l'œil bienveillant de Jim, le chien coiffé d'un haut de forme, le logo- mascotte
de ce site, qui lui se pique de politique
.

Créé par Laetitia Monsacré et Ulysse Gosset, The Pariser prévoit déjà de lancer une version magazine
papier.

Politique, médias et données

Nous vous parlons régulièrement de visualisation de données
sur le Net dans l'Hyper Revue de presse, et ce matin, zoom sur le concours
organisé par Google
. Objectif, créer une application pour visualiser les
données concernant l'élection présidentielle de 2012…

Certains participants à ce concours ont déjà publié leurs
applications, et c'est la rubrique Les Data en Forme du site OWNI qui fait le
point sur 3 propositions.

Nous avons retenu Mediarena (application conçue et développée par Nils Grunwald, Stéphane Raux, Alexis Jacomy et Ronan Quidu), ou comment comparer le
traitement de la campagne présidentielle et plus largement de l'actualité
politique proposés par les médias en ligne.

Vous sélectionnez deux médias, et vous pouvez ainsi comparer
le nombre d'articles publiés sur une semaine, sur quel candidat ou sur quelle
thématique, quel sujet est le plus abordé, quel reportage a été le plus tweeté.
La force de Mediarena réside dans son dispositif de visualisation de ces
données. C'est simple, clair, très réactif et l'ergonomie de l'application est
très intuitive.

OWNI présente également deux autres applications : "Qui sera
parachuté à l'Elysée ?"
 (conçue par la Team Haploid), une manière ludique de jouer avec les données des
candidats sur Twitter ou encore "Partie 2 campagne" (l'équipe est ici) toujours aussi
original et qui permet de comprendre comment les candidats interviennent sur un
thème.

Toutes ces applications sont destinées au grand public, pas
besoin d'être statisticien ou matheux confirmé. Elles bénéficient souvent d'un
design léché et facile à prendre en main. Elles nous rappellent surtout qu'une
bonne utilisation des données disponibles sur le Web nous permet dans la
plupart des cas de revenir aux faits et non de nous contenter du ressenti.

C'est d'ailleurs le crédo de la rubrique journalisme de
données du quotidien anglais The Guardian
: "les faits sont sacrés".

Comment la rumeur naît et meurt sur Twitter

Le Guardian justement, qui s'attaque à la manière dont une
rumeur peut se propager sur Twitter
. Le journal a analysé plus de 2.5 millions de messages échangés pendant les émeutes au Royaume Uni l'été dernier.

Encore une application du journalisme de données. Sur son
site, le quotidien vous propose de sélectionner l'une des rumeurs qui s'était
répandue sur le réseau social pendant les émeutes et de regarder la manière
dont elle se propage, avant d'être démentie.

Exemple : la grande roue The London Eye est en feu. Tout
part d'une photo un peu floue accompagnant un message de panique type "oh non,
ils n'ont pas pu faire ça à London Eye", la rumeur file à toute vitesse sur le
réseau social, mais est rapidement interrompue par des messages qui rappellent
que la London Eye n'est pas inflammable, et que si sa peinture brûlait, une
fumée particulière serait visible de tous.

Même chose avec cette autre rumeur,
les émeutiers auraient libéré les animaux du Zoo de Londres, là aussi une photo
floue d'un tigre dans les rues, en fait une vieille photo prise en Italie en
2008.

Les données rassemblées permettent de suivre ces rumeurs et de les
démonter. Comme le rappelle le Guardian, c'est aussi l'une des capacités de
Twitter, savoir rapidement repérer et démentir un hoax, une fausse information.
Cette enquête est l'une des plus ambitieuses jamais proposées par le journal. A
noter : ses coulisses sont également disponibles sur le site, vous pourrez découvrir
tout le travail mené par les journalistes, accompagnés de spécialistes du Web
et de chercheurs en université.

Once Upon

Encore un voyage dans le temps grâce à Internet, avec un
site qui vous propose de découvrir YouTube, Facebook ou Google +… comme si vous
étiez en 1997.
 

Le site s'appelle Once Upon. A l'origine, il s'agit d'un projet de 2 artistes allemands : Olia Lialina et Dragan Espenschied. Mais
c'est surtout une expérience amusante. Alors que l'on cherche en permanence à se projeter dans le
futur du Net, ils ont choisi de proposer leur vision de 3 sites majeurs avec
les technologies et le design de 1997
.

Comme le dit le site Gizmodo, "ça pique" un peu les yeux… 

Tout est fait pour vous remettre dans l'ambiance, vous
pouvez même paramétrer la vitesse du réseau et brider votre haut débit, vous simulez
ainsi une connexion par modem 56K, 6 minutes d'attente pour une vidéo de 24
secondes... Nous vous laissons le plaisir de découvrir la version 97 de Facebook
avec un vrai mur et des .gif animés du meilleur goût.

La revue de presse et du Web

Avec d'abord un nouveau scénario-catastrophe sur les risques
d'explosion de la zone euro...

Il y a quelques semaines
seulement, on n'en parlait pas. Depuis que la zone euro s'enfonce dans
la crise, on en parle de plus en plus et les Echos imaginent ce matin
avec les experts de l'Institut Montaigne à quoi pourrait ressembler la
sortie de l'euro pour la France. Une étude présentée dans les Echos
comme une réponse aux thèses du Front national qui de son côté
revendique au contraire l'abandon de l'euro.

Verdict de ces
experts : si la France sort de l'euro, il faut s'attendre à un séisme
économique et social... jusqu'à 1 million d'emplois supprimés, chômage,
récession, jusqu'à un cinquième de la richesse nationale détruite,
dévaluation de la monnaie de 25 pour cent, inflation, guerre
commerciale, fuite des capitaux, etc, c'est un tableau catastrophique...
avec des secteurs qui seraient dévastés, à commencer par l'agriculture
et le petit commerce.

Les Echos reconnaissent que les chiffres
sont forcément sujets à discussion, mais le quotidien estime que cette
étude est encore sans doute trop optimiste et que la réalité pourrait
être encore pire. Pour Nicolas Barré dans les Echos, politiquement on
sait à qui profiterait le chaos, économiquement il n'y a aucun doute
possible : à personne...  

Concrètement, les Echos ont demandé
son avis à l'un des dirigeants d'un grand groupe européen, le géant de
la chimie Solvay.
Pour Jean-Pierre Clamadieu, la sortie de l'euro,
c'est de l'économie-fiction... Il considère que vu les acquis de l'euro
pour les entreprises, la priorité, c'est non pas de faire campagne
contre l'euro, mais au contraire de convaincre les gouvernements de tout
faire pour éviter la catastrophe, la sortie de l'euro.

Du côté
des idées pour sortir de la crise, il y en a une ce matin qui sort de
l'ordinaire...

C'est la parabole du joueur de poker... L'économie, c'est comme le casino. Patrick Partouche, le dirigeant du groupe de casinos qui porte son nom, donne sa recette bien à lui pour sauver l'économie. En bon casinotier, il imagine le monde comme un gigantesque casino.

Alors supposons dit-il dans une tribune dans Libération, supposons que dans un coin du casino, ce coin qu'on appelle l'Europe par exemple, une grosse partie de poker s'arrête faute de jetons...

Cette partie de poker, elle occupe depuis toujours les mêmes joueurs, les plus gros, et elle fait travailler des bataillons d'employés. Sans elle, le casino mettrait la clé sous la porte... Sauf qu'à un certain moment, personne ne sait quand, la partie a dérapé... 

La partie dérape, arnaque comme dans le film, ou pas, ce qui est sûr, c'est que tout d'un coup, il n'y a plus de jetons nulle part, et qu'il n'y a plus assez de cash pour se faire payer. Autrement dit, ceux qui ont de l'argent ne peuvent plus acheter de jetons, et ceux qui ont des jetons ne peuvent plus se faire rembourser... Bref, c'est la crise...

On passe les détails, à lire dans Libération, mais la solution vue du casino de Patrick Partouche, c'est un coup de baguette magique : on efface la dette planétaire, les dettes des Etats comme les dettes des ménages, pour récompenser les consommateurs d'avoir fait marcher l'économie avec leur argent depuis des années. En espérant que ceux qui pourront finiront par rembourser une partie de la dette et relanceront un cycle vertueux... C'est beau quand l'esprit de Noël souffle entre les tables du blackjack et du poker...

La presse à la Une

Télé 7 Jours se mobilise pour offrir un Noël aux enfants hospitalisés, une initiative qui vient renforcer l'opération nationale "100 Noëls dans 100 hôpitaux" à l'initiative de l'association "Tout le monde chante contre le cancer". Explications avec Thierry Moreau, le directeur de la rédaction de Télé 7 Jours.

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