"A peine j'ouvre les yeux" : le cri de révolte et d'espoir d'une jeune cinéaste tunisienne
Et c'est en se retournant sur les dernières années de l'ère Ben Ali, juste avant la révolution, que Leyla Bouzid choisit de signer cet hymne, comme pour mieux souligner que rien n'est résolu, et que bien des combats sont encore d'actualité, à l'image de ceux que mène son personnage principal, Farah, une jeune chanteuse rebelle et talentueuse, énergique et amoureuse, bien décidée à chanter sa révolte malgré le danger, les interdits, la violence d'une dictature qui pourrait bien la briser, faire taire cette musique si souvent insupportable aux oreilles des dictateurs ou des terroristes de tous horizons, des bars de Tunis au Bataclan, et qu'on ne peut pourtant arrêter, dit la jeune réalisatrice :
"La musique fait peur au pouvoir et aux dictatures parce qu'elle peut se propager très vite, une chanson ça reste en tête et ça marque. Il y a dans la musique une joie de vivre, la revendication d'exister aussi, une chanson est un cri, avec une chanson on peut affirmer des choses avec une légereté qui pose problème à certains. "
Sans doute parce que la musique irrigue le film, parce qu'elle communique une véritable énergie aux personnages, parce qu'elle donne aussi de la voix à cette jeunesse arabe avide de liberté et que la réalisatrice tenait à représenter, "A peine j'ouvre les yeux" a d'ores et déjà été récompensé dans nombre les festivals, du monde arabe notamment, comme à Carthage ou Dubaï :
"C'est un film qui parle de jeunes qui sont créatifs, modernes, qui se battent au quotidien pour imposer ce qu'ils sont, et je suis contente de leur donner une voix parce que, malheureusement, ils sont représentés par une minorité d'extrémistes qui prennent toute la place, or cela fait du bien aux gens d'entendre cette voix, différente, qui en fait est la véritable voix de la jeunesse arabe ."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.