"Avant l'hiver", de Philippe Claudel

Quelques jours avec moi et Un coeur en hiver de Claude Sautet
avaient révélé chez Daniel Auteuil quelque chose qu'il n'avait jamais montré. En
lui offrant des rôles d'hommes solitaires, comme enfermés en eux-mêmes, engoncés
dans leur silence, le regard lointain. C'est dans cette lignée que se situe le personnage
qu'il interprète dans Avant l'hiver.

Un mélange d'intensité et de distance

Paul, la soixantaine, est un homme qui semble avoir tout réussi,
sa carrière de neurochirurgien, le couple qu'il forme avec une femme parfaite
dans une maison parfaite, jusqu'à ce que quelques bouquets de fleurs mystérieux
ne viennent tout perturber, jusqu'à ce que ses mains ne se mettent à trembler
l'obligeant à une retraite anticipée, jusqu'à ce que ses silences et ses non-dits
ne le rattrapent.

Avant l'hiver , c'est l'histoire d'un homme qui a vécu et dont la vie est allée tellement
vite qu'il n'a pas eu le temps d'y réfléchir. C'est ce qui a touché Daniel Auteuil
et l'a convaincu de revenir à un registre qu'il n'avait plus abordé depuis
longtemps.

A la lisière des genres

Ce film peut parfois laisser à distance mais c'est aussi ce
qui fait son intérêt. Il questionne, il interroge. Il y a le drame intime de
cet homme qui se retourne sur sa vie, il y aussi une pointe du suspense puisqu'à
l'origine de ces perturbations, il y a
une jeune femme mystérieuse qui va faire irruption dans sa vie, et puis il a
une dimension de chronique sociale puisque le film pose la question de la retraite,
de la soixantaine.