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"La septième fonction du langage" : brillant et hilarant

Parmi les poids lourds de la rentrée littéraire, il y a Laurent Binet, "La septième fonction du langage" chez Grasset, est un polar politico-philosophique qui décape.
Article rédigé par Florence Leroy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  ("La septième fonction du langage" Laurent Binet © Grasset)

La réussite de ce livre c'est de nous faire rire en parlant de sémiologie, la science des signes, dans le langage et le comportement. 1980, Roland Barthes, star mondiale de la sémiologie, meurt en sortant d'un déjeuner avec François Mitterrand, renversé par une camionnette. 

Laurent Binet imagine qu'il ne s'agit pas d'un accident. Barthes aurait pris connaissance de la 7ème fonction du langage, celle qui fait de son détenteur un orateur aux pouvoirs illimités sur ceux qui l'écoutent: qui a fait tuer Barthes pour s'emparer de ce redoutable secret ? Mitterrand ? Giscard? La CIA ? Le KGB ?

Quel rôle jouent les intellectuels de l'époque Foucault, Derrida, Deleuze ? Un flic de droite et beauf va s'allier avec un jeune prof de fac qui finira par se prendre pour James Bond pour mener l'enquête.  C'est clairement un hommage à Umberto Eco et son chef d'œuvre "le nom de la rose", le sémiologue et romancier italien est le personnage central du livre, Laurent Binet imagine un "logos club" où se jouent de terribles duels oratoires, le perdant y laisse au mieux une phalange, il parvient comme Umberto Eco à mêler roman haletant et érudition.

Le pouvoir du langage, un thème terriblement actuel, qui nous renvoie à la dernière grande époque des intellectuels français, depuis, c'est vanité-vacuité, le triomphe de la figure médiatique, la vague conservatrice, autant de phénomènes que Laurent Binet exècre et c'est franchement jouissif de lire les déboires de Philippe Sollers et Bernard Henry Lévy que l'auteur ridiculise sans finalement avoir à forcer le trait.

"La septième fonction du langage" de Laurent Binet chez Grasset.

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