"Le fils de Saul" : Auschwitz ou l'usine de la mort
"Le fils de Saul" est le premier film de Lazlo Nemes qui, à 38 ans, fait preuve d'une audace et d'une rigueur impressionnantes. Lazlo Nemes prend en effet le risque de nous plonger au coeur du camp d'Auschwitz, sujet on ne peut plus sensible, et plus précisément au coeur des sonderkommando , ces groupes de prisonniers juifs qui étaient obligés d'assister les nazis dans leur plan d'extermination.
Mais en choisissant d'adopter le point de vue d'un seul prisonnier, dont la caméra suit en permanence les gestes devenus automatiques, la course quotidienne sous les cris des nazis pour survivre et accomplir ses tâches en regardant à peine les cadavres qu'il charrie ou les cendres qu'il passe ses journées à déblayer, le cinéaste parvient à éviter le voyeurisme.
L'horreur véritable
Le champ de vision du spectateur, même au plus près des fours crématoires, reste celui, parcellaire, de cet homme devenu un ouvrier de la mort, un robot, privé d’émotion. Et c'est justement en montrant ces camps comme des usines, et ces hommes comme des automates déshumanisés, que le cinéaste tient la complaisance à distance, et montre l’horreur véritable.
L'expérience n'en est que plus marquante, et le choc plus puissant, comme l'avait notamment ressenti le jury du dernier festival de Cannes en lui décernant son Grand Prix.
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