Le musée imaginaire de Patrice Chéreau
C’est un voyage dans la vie d’un homme pressé, dont chaque escale est une pièce de théâtre, un opéra un film. Il y’a des objets personnels, des œuvres prêtées comme des Goya, ou appartenant à la collection Lambert, Giacometti, Picasso, Bacon. L’image chez Patrice Chéreau, fils de peintre, est omniprésente dans sa vie, pépite de cette expo, les premières salles où dans des vitrines on découvre ébahi, que dès 14 ans, il dessine avec talent les décors, les costumes de ses futures mises en scène, Eric Mézil, le directeur de la fondation Lambert qui a rassemblé toutes ces pièces a été surpris et ému par la qualité de ces croquis et esquisses.
Guibert, Adjani, Wagner…
Raconter Patrice Chéreau, c’est retourner au Théâtre des Amandiers à Nanterre, invoquer les amitiés passion, Hervé Guibert, Pascal Grégory et bien sûr se souvenir du film la reine Margot avec Isabelle Adjani, illustré par des photos du massacre des algériens au métro Charonne en 1962 et la vision du carnage au sens universel, par Marina Abramovic, pour expliquer comment Chéreau se documentait. L’horreur des camps nazis le fascinait, il s’en est servi pour imaginer le massacre de la Saint Barthélémy dans le film et s’il a choisi Isabelle Adjani, c’est bien sûr qu’elle était une immense actrice dans son époque, mais aussi, parce que d’origine Kabyle, elle avait eu le courage d’aller en Algérie pour alerter sur la montée des islamistes. Chéreau savait mieux que quiconque, plonger dans l’histoire pour en tirer le tragique qui traverse les âges.
Ce musée imaginaire doit beaucoup à la juste subjectivité d’Eric Mezil, la matière brute d’Anselm Kieffer pour illustrer Chéreau et Wagner, Nan Goldin pour évoquer les années sida, celui qui manque tant au théâtre est ici en bonne compagnie.
« Patrice Chéreau, un musée imaginaire » à la collection Lambert, Avignon, jusqu’au 20 octobre.
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