"Magnum", de Philippe Katerine
Sous ses dehors kitsch, voici un neuvième album musicalement
bien plus abouti que les précédents : Philippe Katerine a travaillé ici avec le
français Sebastian, l'étoile montante de la musique électronique dans une veine
plutôt ténébreuse. Mais bizarrement ici, comme dans les expériences en cours de
chimie, le mélange de ces deux matières a provoqué un précipité coloré qui
pétille.
Plusieurs indices, disséminés sur le cliché de la pochette
du disque, font appel aux inévitables symboles des années 80 : un petit côté Magnum
(le héros télé) dans les palmiers et la plage de sable fin, sur ce fond de
soleil couchant aux couleurs chamarrées ; un petit côté "La croisière
s'amuse" dans le costume de capitaine de croisière, avec le saxophone a la
main, instrument ultime du kitsch sonore de l'époque, et Katerine en séducteur
à moustache drapé dans un peignoir en satin ... de fille.
Car si l'album, assez sexy dans ses arrangements, évoque
beaucoup l'amour (Le Trouvère de Verdi), le plaisir des sens et l'hédonisme à
outrance (Amiami, Stripteaseuses), on y retrouve toujours ce petit coté déviant
qu'on apprécie chez le chanteur, son goût pour le travestissement, ou ses
questions sur la virilité (Efféminé) : "Je suis pas du genre Manuel Valls
par exemple, viril, autoritaire, qui, pour moi est une image violente de la
masculinité. "
Philippe Katerine libère son corps, sur un album bâti pour
faire danser . Il a inspiré à Sebastian ce style de disco sexy, plein de violons
et de riffs de guitares funky (qui ont fait le succès du dernier Daft Punk par
exemple). Katerine rend ici, à sa façon, hommage au dance floor, attentif au
plaisir des oreilles et au plaisir du corps (si possible à plusieurs).
A voir aussi, le film "Magnum ", qui illustre le
disque, et qui sera diffusé sur Canal + samedi prochain avec un programme
chamarré : plages de sable fin, bouteilles de champagne et crème glacée,
batailles contre des poussins géants dans le plus simple appareil... Chez
Katerine, pas de limites.
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