"Tempête : deux novellas" de Jean-Marie Le Clézio
C'est beau comme du Le Clézio, les femmes, la mer, les îles,
les êtres perdus, la révolte et la sensualité, tout y est... A commencer par
cette "tempête" sur une île coréenne où les femmes de la mer plongent
en apnée au risque de leur vie pour pêcher des ormeaux; où une jeune
adolescente sans père redonne le goût de la vie à un vieil homme rongé par le
remords d'avoir assisté à un viol pendant la guerre sans intervenir. Puis, dans
la deuxième nouvelle, "une femme sans identité", l'errance d'une
jeune femme dans Paris, une batarde, abandonnée par son père, sa demi-sœur,
déracinée de l'Afrique où elle est née. Le Clézio voyage encore et toujours,
c'est en Corée, donc, qu'il a rencontré ces femmes de la mer. "J'ai même
nagé avec elles. J'ai même plongé mais je ne suis pas bon nageur."
Page 47 : "Une douleur qu'il faut bien aimer, parce que
lorsqu'elle cesse, tout devient vide, et qu'il ne reste plus qu'à
mourir"...
C'est un thème, présent dans les deux novellas, qui permet à
Jean-Marie Le Clézio de donner
une autre définition de l'amertume que celle passée dans le sens commun. Ses
personnages perdent ou retrouvent leur innocence et vont de l'avant. Et lui,
à 73 ans, il prend le même plaisir communicatif à écrire, il compose sa musique
littéraire avec une maîtrise totale, passe d'un style à l'autre, que le format
concentré de la novella amplifie pour le plus grand bonheur de ses fans.
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