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Une "Belle Hélène" ébouriffante et farfelue au Theâtre du Châtelet

Depuis mardi soir, l’opéra bouffe à succès de Jacques Offenbach « La belle Hélène » est présenté au Théâtre du Châtelet à Paris, revisité à la façon d’un vieux film avec astuces et anachronismes par le vidéaste Pierrick Sorrin et le metteur en scène Giorgio Barberio Corsetti.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Gaëlle Arquez campe Hélène, reine de Sparte, éprise du berger Pâris (Merto Sungu) © Photo extraite du dossier de presse)

 - Une magnifique héroïne blonde qui entre en tenue de star de cinéma, un grand chapeau à la Audrey hepburn sur la tête et des lunettes de soleil très seventies,

  • Des rois de Sparte qui se présentent en chantant dans un micro comme Johnny Haliday,

  • Un berger qui se déguise en jeune fille avec des faux seins et du rouge à lèvres pour enlever celle qu'il aime à son mari...

    Les deux metteurs en scène Pierrick Sorrin et Giorgio Barberio Corsetti, fidèles à leurs habitudes, n'ont pas eu froid aux yeux pour offrir une version high tech de "La Belle Hélène ", ce  vénérable succès de 1864 composé par celui qui est quasi inventeur de l’opérette, Jacques Offenbach.

Une parodie des mœurs bourgeoises

A sa création, en plein second empire, "La Belle Hélène " parodiait déjà les mœurs des bourgeois oisifs et tapait sur l'église.

En 2015, l'histoire est toujours la même : un pastiche des prémices de la guerre de Troie. Hélène, la plus belle femme du pays, s'ennuie de son mari le roi de Sparte, et regarde pour se distraire des soap opéras style "Santa Barbara" à la télévision. Elle tombe sous le charme de Pâris berger de bonne famille qui fait tout pour la conquérir malgré le mari.

Sur scène, c'est comme un plateau de télévision : pas de décor, mais un fond bleu et des petites caméras 

-      deux filment des maquettes de décor grandes comme une table.

-      d'autres, les acteurs.

Le vidéaste Pierrick Sorrin incruste en temps réel les chanteurs dans ce décor et un film apparait sur un grand écran ruban au dessus de la tête des acteurs.

Au choix, ça donne des séquences désopilantes :

  • Helène et Pâris couchent dans une chambre qu’on croirait tout droit sortie des films colorés rose et bleu de Douglas Sirk où même le rideau de derrière bouge grâce à un petit ventilateur planté près de la maquette du décor

  • Pâris arrive pour conquérir Helène dans un hors-bord chrome rouge qui défile sur la mer

  • et c’est en avion, vieux casque sur la tête, que Ménélas quitte le pays sous un ciel menaçant…
  (Pierrick Sorrin et Giorgio Barberio Corsetti signent une mise en scène audacieuse, pleine de couleurs pop © Photo extraite du dossier de presse)

Un spectacle jouissif

Les deux metteurs en scène avaient déjà appliqué la même formule il y a quelques années sur un opéra de Rossini, "La Pietra del paragone ". Cette fois le point de départ pour Georgio Barberio Corsetti, qui travaille main dans la main avec le vidéaste Pierrick Sorrin, c’était le cinéma et son envie de replonger dans les péplums et les films des années 50.

Au final, le spectacle est jouissif.

  • Gaëlle Arquez est une Hélène belle à souhait à la voix éclatante,

  • Gilles Ragon, le roi Ménélas, est un cocu jouissif.

  • La vidéo n'écrase pas les acteurs. On a deux lectures on regarde les acteurs en vrai sur scène dans le décor bleu, on jette un oeil sur le film qui est en train de se faire au dessus, et on rigole à tous les gags de bas de page que les metteurs en scène ont incorporé.

  • La musique de Offenbach est drôle, enlevée, ironique. L'histoire est prenante, même si le premier acte est le plus rythmé.

    En fait on sort de là les yeux écarquillés.

    La Belle Hélène au Théâtre du Châtelet, jusqu'au 22 juin.

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