"Cosmopolitan" célèbre ses 50 ans : "On se veut un magazine inclusif en beauté et en mode", assure l’éditrice déléguée
Le tout premier numéro date de 1973. Cosmopolitan a débarqué en France grâce à Evelyne et Jean Prouvost, deux grands patrons de presse, qui ont importé la licence des États-Unis. Immédiatement, le magazine détonne dans le monde de la presse féminine : un ton impertinent, des sujets tabous comme la sexualité. Le titre est donc rangé au même rayon que Playboy ! 50 ans plus tard, il a gardé son insolence et ses lectrices trentenaires. Une performance racontée par Séverine Peraud, l’éditrice déléguée de Cosmo.
franceinfo : Il est écrit dans votre édito qu'à sa naissance en 1973, Cosmopolitan faisait figure d'ovni dans la presse féminine. En quoi était-il si différent des autres titres ?
Séverine Peraud : C'était très clairement un titre précurseur qui a fait souffler un vent de fraîcheur sur la presse de l'époque. Cosmo était très novateur parce qu'on avait des sujets qui prenaient la lectrice à rebrousse-poil, des sujets très insolents, très impertinents. On parlait de sexualité. C'était totalement novateur à l'époque. Et évidemment, le ton Cosmo qui fait encore sa saveur aujourd'hui était primordial puisque c'est un magazine qui s'est fondé avec des plumes.
Lors du lancement de Cosmo en France, il était classé dans la même catégorie que Playboy. C'est ça ?
Exactement, c'est une épopée, le lancement de Cosmopolitan. C'est vrai qu'il y a eu ce petit lancement un peu particulier parce que comme c'était un ovni. Personne ne savait vraiment où le classer dans les kiosques, mais très vite ce magazine a cartonné et a trouvé sa place auprès des lectrices.
Comment a évolué Cosmopolitan au fil du temps ?
Cosmo a évolué parce que la lectrice a changé. On est toujours sur le même cœur de cible, c'est-à-dire que notre lectrice est toujours trentenaire. La jeune femme, trentenaire, urbaine, CSP+ représente notre cœur de cible. Le développement sur le digital nous a permis de garder une audience jeune et d'aller chercher des lectrices un peu plus jeunes.
Pour ce numéro anniversaire, vous avez choisi Laury Thilleman en couverture. Pourquoi pas une femme de 50 ans ?
Eh bien parce que justement, il faut que cette personnalité en couverture de Cosmo puisse parler aux lectrices. Et Laury Thilleman est vraiment en phase avec nos lectrices.
Ça veut dire que des quinquas à la une de Cosmo, ça, ce n'est pas possible à jamais ?
Absolument. Peut-être qu'on l'envisagera, puisque Cosmo est en fait plus un état d'esprit que vraiment un magazine arc bouté sur la trentenaire.
Et des femmes qui font plus que la taille 36, vous en avez en couverture?
Oui, Cosmo a été un des magazines féminins précurseurs là aussi sur le sujet, avec justement des femmes qui sortent de la taille 36. On se veut un magazine inclusif en beauté et en mode. Tous les modèles sont représentés.
Vous avez dû voir que le magazine Elle a récemment mis en couverture Keinoa qui est la dernière gagnante de Drague race France. Donc une drag queen en une de Cosmopoitan, ça c'est possible ?
Complètement possible.
Mais pas encore fait.
En tout cas en couverture, c'est vrai, mais dans les articles de Cosmo, on a donné la parole aux drag queens.
Est-ce que vous vous revendiquez à Cosmo comme féministe?
On se revendique complètement comme féministe. C'est totalement notre ADN. C’est-à-dire que quand Cosmo est sorti en 73 en France,
"'Cosmo' était un magazine féminin féministe et portait la voix des femmes. Je pense qu'on est un média qui accompagne les femmes.
Séverine Peraud, éditrice déléguée, du magazine "Cosmopolitan"à franceinfo
Cosmo se vend à 180 000 exemplaires. Vous en vendiez 250 000 en 2019, donc la baisse semble inéluctable. Est-ce possible qu'un jour, vous fassiez le même choix que vient de le faire Causette, c’est-à-dire arrêter la version papier ?
Non. Il y a une nouvelle formule, qui sort le 2 novembre. Cosmo est encore un rendez-vous très attendu par les lectrices et très attendu par les annonceurs. Donc aujourd'hui, ce n'est absolument pas en projet.
L'année dernière, le Cosmo américain a fait appel à l'intelligence artificielle pour générer sa couverture. Est-ce quelque chose que vous envisagez pour la version française ?
Pas du tout. Je mentirais, si je vous disais qu'on ne s'intéresse pas du tout à ce que fabriquent les intelligences artificielles, que je n'ai jamais regardé ce qu'est ChatGPT. Évidemment qu'on est curieux, on a envie de savoir ce qui se passe avec ces outils. On les regarde et on les teste pour savoir comment ça peut être des outils d'aide à la création, à l'inspiration. En revanche, on est très attentifs à garder notre singularité, notre qualité éditoriale. On a aujourd'hui une rédaction qui est composée d'une trentaine de journalistes et évidemment, on est convaincus que rien ne remplace le ton, rien ne remplace une plume. C'est vraiment ce qui fait la spécificité et la saveur de Cosmo aujourd'hui.
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