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"Daech dispose déjà d'une armée de petits combattants pour le futur", estime le réalisateur d'un documentaire sur les "lionceaux du califat"

Arte diffuse mardi 27 juin un documentaire intitulé "Ashbal : les lionceaux du califat". François-Xavier Trégan, son co-réalisateur, revient sur l'enrôlement des enfants au sein du groupe État islamique.

Article rédigé par franceinfo, Céline Asselot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les enfants sont recrutés par l'État islamique dès leur plus jeune âge pour devenir des combattants. Ici, à Qayyarah, en Irak. (OLYA MORVAN / HANS LUCAS)

Arte diffuse mardi 27 juin le documentaire "Ashbal : les lionceaux du califat", co-réalisé par François-Xavier Trégan et Thomas Dandois. Le film donne la parole aux enfants embrigadés par le groupe État islamique. Âgés de 4 à 16 ans, ils sont des milliers, regroupés dans des camps d'entraînement, formés au maniement des armes et préparés dès leur plus jeune âge à l'attentat suicide. Ces enfants sont soumis à une intense propagande mais certains réussissent à fuir.

Ils témoignent de leurs conditions de vie, ce qui est d'autant plus précieux que ces témoignages ont été compliqués à obtenir. Il a fallu beaucoup de temps et de patience aux équipes, puisque le tournage a duré un an et demi. "On a fait beaucoup de rencontres sans caméra et sans micro pour établir une confiance réciproque, jusqu'au moment où ces enfants se sont mis à raconter de l'intérieur ce qu'ils ont fait et vécu", explique François-Xavier Trégan. Une fois la confiance établie, les réalisateurs ont eu droit à une "profusion de paroles". C'était la première fois que ces adolescents racontaient leur expérience, ils avaient donc "envie de raconter avec beaucoup de détails", selon François-Xavier Trégan. 

Des enfants coupés du reste du monde

Les propos de ces enfants sont empreints de violence : assassinats, maniement des armes, préparation à des attentats suicides...  Ils commencent à prendre conscience de ce qu'ils ont vécu. "Depuis qui'ils ont quitté l'État islamique, qu'ils sont en sécurité en Turquie (...) et qu'ils sont de nouveau au contact de leur famille et de leurs proches (...), ils portent un regard avec un peu de recul sur ces abominations observées et commises", raconte le réalisateur.

Ce sont des gosses qui se sont fait aspirer par une machine d'une efficacité effroyable

François-Xavier Trégan, co-réalisateur du documentaire

à franceinfo

Ces enfants sortent d'une vraie machine de propagande "qui capte l'enfant, le broie et le coupe de toute relation familiale", explique François-Xavier Trégan. Dans les villes tenues par l'État islamique, il n'y a plus de télévision, plus de cinéma, les écoles sont fermées et Daesh est présent avec un camion de glaces et de jouets. "Ils disaient 'Tu iras au paradis et là-haut tu retrouveras tes parents et tu auras tout ce que tu veux'", témoigne l'un des enfants. L'État islamique leur promet même de l'argent pour se faire exploser. "Ils disaient 'Tout ce que tu veux, Dieu te le donnera'", raconte un autre. 

Difficile cependant de savoir quelle est l'ampleur des dégâts. "Certains enfants nous ont raconté avoir côtoyé entre 100 et 150 enfants et adolescents. Mais les organisations internationales et les ONG n'avancent pas de chiffres parce que c'est très difficile", explique François-Xavier Trégan. Si ces enfants sont utilisés, c'est parce qu'ils peuvent être envoyés en première ligne en tant que kamikazes mais aussi parce qu'ils inspirent la confiance pour être espions et peuvent embrigader d'autres enfants à leur tour. "La machine s'entretient de l'intérieur", analyse le réalisateur. Grâce à ce système, l'État islamique est en train de former la prochaine génération de combattants : des enfants qui n'auront jamais connu autre chose que l'embrigadement. "Daech dispose d'ores et déjà d'une armée de petits combattants pour le futur." 

>> Ashbal : les lionceaux du califat, par François-Xavier Trégan et Olivier Dandois, diffusé le mardi 27 juin sur Arte. 

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