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La présidentielle va-t-elle se jouer sur les réseaux sociaux ?

Alors que les jeunes délaissent les médias traditionnels au profit d’internet, les responsables politiques sont de plus en plus nombreux à venir défendre leurs idées sur les plateformes numériques.

Article rédigé par franceinfo, Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Jean Massiet, streamer sur la plateforme Twitch. (CAPTURE D'ECRAN FRANCEINFO)

YouTube, Instagram, TikTok, Twitch, c’est désormais là que s’informent les 15-35 ans. À l’origine plateforme de jeu vidéo, Twitch est aujourd’hui aussi un lieu de discussions et d’informations, notamment autour de la politique.

Un thème dont Jean Massiet fut le premier à s’emparer en 2015. Le streamer compte 100 000 abonnés à ses différentes émissions comme Backseat, diffusé le jeudi soir à partir du 16 septembre. "La politique sur Twitch a émergé véritablement au moment des 'gilets jaunes', avec d’autres contenus que les miens. On a aussi vu des personnalités politiques y venir : Mélenchon, des ministres… Aujourd’hui, elle représente une petite partie des contenus mais elle est très suivie, avec beaucoup de streamers, pour commenter l’actualité politique, le plus souvent avec un angle assumé. C’est plutôt des éditorialistes, moi je fais un travail plutôt de pédagogie et de vulgarisation."

Twitch pour séduire les jeunes

Le public de Jean Massiet a en moyenne 24 ans et 70% sont des abstentionnistes :  "C’est pour ça je m’adresse à eux : parler à des étudiants en sciences politiques, aux militants, ne m’intéresse pas ou peu. Je veux m’adresser à tous les autres : ces jeunes qui disent : la politique je n’aime pas ça, ce n’est pas mon truc", souligne Jean Massiet.


Depuis quelque temps, les politiques ont compris l’importance de Twitch pour séduire les jeunes. Pas toujours pour les bonnes raisons :  "Les responsables politiques viennent sur Twitch soit par cynisme pour essayer de récupérer des voix, soit par conviction parce qu’ils voient bien que les jeunes s’abstiennent et que quand on va dans un JT ou une matinale, on ne s’adresse plus à toute la nation comme par le passé, les grands rendez-vous de l’info qui rassemblent petits et grands, c’est fini." 

Aujourd’hui tout est segmenté, les jeunes ne regardent plus la télé, ils n’écoutent pas ou peu la radio, ils ont beaucoup moins l’occasion d’être en contact avec le discours des personnalités politiques. C’est pour ça que les politiques viennent sur Twitch

Jean Massiet

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Encore faut-il qu’ils en adoptent les codes : "Ce qu’on aime sur Twitch, c’est la sincérité, la transparence, l’humilité, l’honnêteté, des valeurs pas forcément partagées par toute la classe politique. On attend qu’ils s’adressent à nous comme s’ils étaient dans la même pièce, comme si on buvait l’apéro, un moment 'sans caméra' où ils assument leur part d’humain. Le média training, cette façon d’être toujours en représentation de soi, sur Twitch, ça ne marche pas du tout"  souligne Jean Masset.

Qui a déjà réussi l’exercice ?  "Il y en a peu. Jean-Luc Mélenchon a fait trois émissions sur Twitch, il a joué le jeu de l’échange avec le public, avec pas mal de sincérité, mais il a déjà une bonne base de sympathisants sur internet. Gabriel Attal avait essayé mais c’était un peu contraint", ajoute Jean Masset.


Pour la campagne présidentielle, les candidats ont déjà compris que le numérique jouera un rôle majeur :  "Les réseaux sociaux sont des lieux de mobilisation, avec un effet magique. Parfois, un bon buzz peut créer beaucoup de sympathie. Les politiques vont s’y investir de plus en plus, mais est-ce que c’est là que ça va se jouer ? Pour les jeunes, très probablement." estime Jean Masset.

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