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Les journalistes étaient-ils trop en retrait pendant le débat présidentiel ?

Point culminant de cette fin de campagne, le débat Hollande/Sarkozy a été suivi par 17,8 millions de téléspectateurs, un chiffre en baisse par rapport à 2007. Parmi les nombreux commentaires de la presse aujourd'hui, on trouve beaucoup de critiques de la prestation de Laurence Ferrari et de David Pujadas, particulièrement dans la presse étrangère. L'analyse de Dominique Wolton, directeur de l'Institut des sciences de la communication du CNRS.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Réunir 17,8 millions de téléspectateurs devant un même programme est rarissime. A titre de comparaison, la plus forte audience de l'année dernière, toutes chaînes confondues, était de 15 millions, pour la finale de la coupe du monde de rugby. Et pourtant, pour un duel présidentiel, c'est loin d'être un record : le duel Hollande/Sarkozy a été à peine plus suivi que le débat Chirac/Jospin de 1995 et beaucoup moins que la confrontation Royal/Sarkozy il y a cinq ans. En 2007, on avait compté plus de 20 millions de téléspectateurs en moyenne devant leur écran.

A la surprise générale, les téléspectateurs ont été plus nombreux sur France 2 (9 millions) que sur TF1 (8 millions), alors qu'en 2007, la première chaîne avait très largement dominé la soirée. Et de manière générale, lorsque les deux chaînes diffusent le même programme, comme une interview présidentielle, TF1 est toujours en tête. Mais cette année, "France Télévisions a commencé très tôt à suivre la présidentielle, avec notamment les débats des primaires socialistes" rappelle le sociologue des médias Dominique Wolton. "Dans l'esprit des téléspectateurs, la politique a été associée à France 2 et France 3" .

Les journalistes trop "discrets", "empesés" ?

La presse, particulièrement la presse étrangère, commente beaucoup le rôle des journalistes. "Ferrari et Pujadas à la peine" titre ainsi Le Figaro, qui estime qu'ils ont eu du mal "à imprimer leur marque" . "Les journalistes n'ont pas posé de questions" remarque le journal Publico, au Portugal. Ils ont été "discrets" selon Die Welt en Allemagne, "empesés" pour La Stampa, en Italie, "ils n'ont pas réussi à modérer le débat quand le ton est monté" estime pour sa part BBC News, en Grande-Bretagne. "C'est un mauvais procès : difficile de faire autrement tant le débat est encadré" affirme Dominique Wolton. "Et puis, dans les débats de certains pays d'Europe en Nord, les journalistes sont très présents, mais le contenu politique est faible, car ce sont les journalistes qui sont mis en avant. En France, les journalistes ont un rôle modeste dans le débat, mais finalement la politique l'emporte."

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