Le renouveau de l'herbier du Muséum national d'Histoire naturelle
A force de s'étoffer, l'herbier national a fini par manquer
de place. La galerie de botanique du Muséum national d'Histoire naturelle construite dans les années 1930 avait été
conçue pour abriter tout au plus six millions de spécimens. L'herbier en
contenait deux millions de plus en 2010.
Les armoires de rangements débordaient, les planches supportant les plantes
séchées s'entassaient dans les couloirs et sur les meubles. Des conditions de
conservations loin d'être optimum, et des conditions de travail pour les
scientifiques qui devenaient pour le moins acrobatiques. Il était donc grand
temps de faire quelque chose.
Un grand programme de rénovation
C'est ce qui a donc conduit le Muséum a lancé en 2008 un
grand programme de rénovation qui a coûté un peu plus de 26 millions d'euros.
Le bâtiment a été rénové du sol au plafond. Le conditionnement des spécimens a
été entièrement modernisé. Les conditions de températures et d'hygrométrie sont
désormais contrôlées pour éviter que les collections ne s'abiment. Les
anciennes armoires en bois ont été remplacées par des rayonnages métalliques
mobiles.
L'opération a permis de doubler la capacité de stockage du
bâtiment. Il y a de la place pour accueillir
10.000 nouveaux spécimens par an jusqu'en 2030. Car les scientifiques
continuent encore aujourd'hui de parcourir la Terre pour alimenter les
collections de cet herbier.
Les collections
La vocation fondamentale de ces collections est de permettre
de décrire, nommer et classer les plantes et les champignons. Il s'agit de
faire une sorte d'inventaire de la biodiversité et de regrouper les espèces par
famille en fonction de leur proximité dans le grand arbre de l'évolution.
L'herbier constitue également une mémoire de la
biodiversité. Sur chaque spécimen est précisé où et quand la plante a été
prélevée. Grace à ces indications les scientifiques peuvent effectuer des
comparaisons à plusieurs siècles d'intervalle. Cela peut servir, par exemple,
pour des études sur les effets du changement climatiques sur la répartition
géographique des espèces végétales.
Cet herbier, débuté il y a plus de 450 ans, permet
d'apporter des réponses à des questions très contemporaines, que les
scientifiques qui l'ont initié n'imaginaient même pas. De même qu'ils
n'envisageaient pas les techniques d'investigation dont disposent les
scientifiques aujourd'hui pour étudier les échantillons, comme les analyses
génétiques par exemple.
L'ADN des plantes cueillies
Il arrive pour leurs études que des scientifiques prélèvent
des petits fragments de plantes récoltées au 19e siècle pour en extraire l'ADN
et examiner ses caractères. Selon un généticien du Muséum on peut même tenter
l'opération sur des plantes datées du 18e siècle.
Ces nouvelles méthodes d'investigation apportent leur lot de
surprises. Grâce à la génétique, les scientifiques ont vu que
leurs ainés avaient commis quelques erreurs concernant les liens de parenté
entre certains végétaux. Par exemple, le platane est beaucoup plus proche du
lotus que de l'érable contrairement à ce que pourrait laisser penser la
morphologie de ces plantes.
Les données génétiques conduisent donc les chercheurs à
repenser l'histoire de l'évolution des plantes, leur arbre généalogique et du
coup très concrètement la façon de les ranger dans les rayonnages.
Un double virtuel
La numérisation de toutes les planches de l'herbier a été
entreprise. Un travail colossal réalisé à la chaine par des dizaines de
techniciens dans un grand hangar à raison de 200.000 planches par mois. Près de
six millions de planches ont été numérisées. Le travail n'est pas fini mais
déjà l'herbier numérique national est le plus riche des herbiers numériques au
monde. Il est en accès libre sur internet. De quoi dépoussiérer définitivement
(s'il en était besoin) l'image des herbiers.
Pour en savoir plus sur l'herbier national vous pouvez aller
visiter le nouvel espace d'exposition permanent qui vient d'ouvrir ses portes
dans la galerie de botanique flambant neuve du muséum. A découvrir également
sur internet le web feuilleton Herbier 2.0 qui retrace les quatre années de
travaux de rénovation et enfin le beau livre L'herbier du Muséum , aux éditions
Artlys.
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