Une de Libé : où s'arrête la rumeur, quand commence le journalisme ?
Le papier de Libération n'est pas passé inaperçu lundi. Le quotidien a décidé de faire son événement sur les craintes de l'Elysée à propos d'une "possible affaire" concernant Laurent Fabius. L'analyse est avant tout politique, maispour appuyer son récit Libération relaye une rumeur concernant le ministre des Affaires étrangères. Pascal Froissart se dit "surpris sur le fond" mais estime que ce papier "participe du grand magma médiatique" qui a suivi l'affaire Cahuzac. Après avoir d'abord assumé ce choix, le directeur de Libération, Nicolas Demorand, s'est finalement excusé jeudi après des lecteurs.
La rumeur à l'heure du tout-info
Libération affirme dans son article que dimanche dernier "la rumeur Fabius galope sur les réseaux sociaux" . Twitter, très fréquenté par les journalistes, est devenu "une méta-rédaction, une grande rédaction mondiale dans laquelle on peut discuter de toutes ces infos non vérifiées, à vérifier. Mais c'est quelques fois poreux" note Pascal Froissart. Il se souvient du cas d'une rumeur circulant sur Twitter concernant le monde politique français, reprise par des médias anglo-saxons, avant d'être in fine reprise par les médias français. Mais ce spécialiste met surtout en avant l'avènement de l'information en continu: "L'exigence du scoop a toujours été là, mais il y a maintenant l'exigence de nourrir la machine. Il faut tout le temps ouvrir le journal avec quelque chose de 'croustillant'."
Un phénomène ancien
Si la rumeur pose aujourd'hui de nouvelles questions aux journalistes, le lien entre les deux est ancien: "Depuis qu'il y a des médias, il y a des rumeurs" explique Pascal Froissart. En 1968, par exemple la folle "rumeur d'Orléans" avait circulé jusqu'à Montréal ou Séoul. Décortiquée dans un livre de commande par le sociologue Edgar Morin, cette rumeur affirmait que des jeunes femmes avaient été enlevées dans des cabines d'essayage. "Cette rumeur serait certainement restée une rumeur folklorique si on en avait pas parlé dans les médias !" rappelle Pascal Froissart.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.