L'ACTU DES REGIONS - 26/01 et si les transports devenaient gratuits?
Et si l'on rendait les transports publics gratuits ? Contrairement
aux apparences, ce n'est pas une idée tout à fait saugrenue. Aujourd'hui, 22
agglomérations françaises la pratiquent. Avec parfois des résultats
spectaculaires.
Selon ses partisans, la
gratuité offre en effet de nombreux avantages. Elle a d'abord un effet
incitatif sur l'utilisation des transports en commun. A Aubagne, par exemple,
près de Marseille, cette mesure mise en place depuis 4 ans a débouché sur une explosion
de la fréquentation. Parallèlement, le nombre de voitures en circulation dans
la ville a fortement diminué (de l'ordre de 10 %), avec des effets positifs sur
la fluidité du trafic comme sur l'environnement puisque les voitures émettent
une grande partie des gaz à effets de serre.
La gratuité a aussi des effets positifs sur l'ambiance dans les
transports en commun. Mécaniquement, elle supprime la fraude et améliore les
conditions de travail des conducteurs, débarrassés de leurs fonctions de
contrôle et des tensions qu'elles provoquent parfois. Enfin, elle accorde à
tous une sorte de droit à la mobilité, qui profite notamment aux personnes les
plus défavorisées.
Tout cela est très bien. Reste, bien sûr, l'épineuse question du
financement. Or, toujours selon ses partisans, la gratuité des transports en
commun n'est pas si coûteuse qu'elle en l'air. D'une part parce qu'elle permet
de faire des économies : il n'y a plus de frais de billetterie ni de
contrôle ! D'autre part et surtout parce que tous les systèmes de
transports publics sont aujourd'hui déficitaires et font déjà largement appel
aux subventions. En France, en moyenne, les recettes tarifaires ne couvrent que
17 % des besoins de financement. Dans certains agglomérations, les recettes de
billetterie sont inférieures aux frais de perception !
Pourquoi, alors, la gratuité ne s'est-elle pas généralisée ? C'est
simple. Même si, en moyenne, les recettes ne représentent donc que 17 % des dépenses
totale, c'est autant d'argent qu'il faut trouver ailleurs si l'on y renonce. Or,
les élus le savent : les ressources des collectivités locales vont se
raréfier dans les années qui viennent alors que les investissements dans les
transports en commun sont appelés à augmenter. Du coup, la plupart se demandent
si c'est bien le moment de se priver de recettes que la plupart des usagers
ne contestent pas et de compenser ce manque à gagner en augmentant les
impôts des familles ou des entreprises _ car, évidemment, rien n'est jamais
vraiment gratuit.
C'est bien pourquoi, jusqu'à présent, seules 22 agglomérations sur 290
ont opté pour la gratuité totale. C'est bien pourquoi la plupart des
spécialistes du secteur refusent d'encourager cette pratique. Ils préconisent
de maintenir des systèmes payants, tout en prévoyant des mesures de gratuité ou
de réduction à l'égard des bas revenus, des étudiants ou des chômeurs. Pour
tenter de concilier rentabilité et solidarité.
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