La Ferté-Bernard, la ville qui salarie ses médecins
En
septembre 2010, le maire divers droite de La Ferté-Bernard,
Jean-Carles GRELIER, se trouve confronté à un problème :
trois des 14 médecins du secteur s'apprêtent à partir en
retraite et pas un seul remplaçant ne se pointe à l'horizon.
Il a beau passer des annonces dans la presse spécialisée et même
recourir à un cabinet de recrutement, rien n'y fait. Les 1500
contacts engagés débouchent bien sur 7 rendez-vous, mais aucun ne
se traduit par une installation.
D'où
l'idée de Jean-Carles GRELIER : et si la ville proposait à
ses futurs médecins de devenir salariés de la commune ? La
formule qu'il propose est la suivante : un contrat de travail
de 42 heures par semaine, une rémunération alignée sur les
praticiens des hôpitaux, comprise entre 4500 et 5000 € nets par
mois, la prise en charge du secrétariat, des locaux et des démarches
administratives des patients.
Banco !
Très vite, un premier médecin arrive de Perpignan, rejoint bientôt
par deux collègues. C'est que le dispositif proposé par La
Ferté-Bernard correspond tout à fait aux aspirations des nouvelles
générations des généralistes. D'après une étude de
l'Ordre des médecins, 66% d'entre eux aspirent à un statut de
salarié. Les jeunes médecins ne veulent plus consacrer 70 à 80
heures par semaine à leur travail, ils exigent de pouvoir mener une
vie de famille normale et ils ne veulent plus s'encombrer de
paperasses. Or, le maire de La Ferté-Bernard leur propose
précisément de contrôler leurs horaires, de se consacrer
exclusivement à la médecine et de les décharger du reste. De quoi
envisager avec moins d'appréhension de s'installer dans cette
petite ville de 10 000 habitants de la Sarthe, au centre d'un
bassin de vie d'environ 30 000 personnes.
Cerise
sur le gâteau, cette formule innovante est de surcroît
financièrement équilibrée, et même légèrement rentable. Les
patients qui choisissent de consulter ces médecins salariés sont en
effet suffisamment nombreux pour que la commune rentre dans ses
frais. Ils paient leur consultation directement au Trésor public et
la ville se rémunère sur le remboursement de la Sécurité sociale.
Tout
n'est pas rose cependant. Les médecins généralistes libéraux,
notamment, grognent contre ce qu'ils considèrent comme une
concurrence déloyale, même s'ils ont bien conscience, qu'à
défaut, personne ne serait venu et que leur propre cabinet aurait
été surchargé. Il n'empêche que l'initiative est suivie de
près dans tous les territoires menacés de près ou de loin par la
désertification médicale. Deux autres communes ont déjà
adopté le même système. Et au total, près de 300 maires et 17
présidents de conseil général ont déjà contacté leur collègue
de La Ferté-Bernard.
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