Après les attentats, quels bénéfices et pour qui ?
A qui profitent les attentats sur le plan politique ? C'est une question qui fâche, parce que certains jugeront qu'il faut du cynisme pour la poser. Le fait même de s'interroger met à mal l’unité nationale officiellement respectée par la quasi-totalité de la classe politique depuis 10 jours. En même temps, comment ne pas faire le point là-dessus aussi, alors que ces mêmes politiques, en privé, se perdent en conjectures.
Exemple, ce poids lourd du PS qui, quelques heures à peine après la tuerie de Charlie Hebdo , analyse le positionnement du président Hollande : "au centre ", en "chef de guerre " qu'il est devenu, "il va sur place, parle à la Nation, reçoit les hommages du monde entier, fait tomber toutes les préventions " sur sa fameuse incapacité à endosser le costume présidentiel… jusqu'à son ennemi Nicolas Sarkozy, obligé – dit encore ce responsable - de "venir lui baiser la babouche ".
François Hollande, grand gagnant de la séquence ?
Un constat s’impose : les Français jugent que le président a bien assuré la gestion des événements, avec à ses côtés le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur. Ce trio satisfait plus de huit Français sur 10 selon un récent sondage. Mais à l'Elysée, on sait que la cote de popularité du président ne se redressera pas fondamentalement tant qu'il n'y aura pas de résultats sur le front économique et social. Le regard sur le président ne sera plus jamais le même, assure un proche conseiller de François Hollande. Reste l'efficacité sur le plan économique, et c'est le plus important aux yeux des Français".
Le début de rebond dans l'opinion peut-il changer le cours du quinquennat ? Il est trop tôt pour l’affirmer. A plus court terme, en revanche, l'exécutif bénéficie de l'unité nationale qui prévaut, notamment dans ses propres rangs. Ainsi, les opposants de l'intérieur, les frondeurs du PS, mettent – bon gré mal gré – leurs critiques en sourdine. Le projet de loi Macron, très décrié à gauche, et dont la discussion débute à l’Assemblée, devrait être finalement voté sans encombre. Pour le gouvernement, c'est déjà ça de gagné.
Les espoirs du Front national
Marine le Pen le réaffirme ce vendredi à l'occasion d'une conférence de presse, elle est convaincue que les attentats justifient a posteriori tout ce que dénonce le Front national depuis des années, à savoir "l'aveuglement de la classe politique face à l'islamisme radical". Elle promeut, du coup, la "réponse globale" qui serait la sienne, avec une difficulté toutefois : se démarquer des autres partis, tout en ne brisant pas trop ouvertement la fameuse unité nationale, car le Front national se veut désormais un parti "dédiabolisé" et respectable.
Le Front national peut-il vraiment capitaliser sur cette crise ? Pour l’heure, aucun sondeur ni analyste ne se risque à donner une réponse claire. Pour cela, il faudra attendre le verdict des urnes, à l’occasion des élections cantonales fin mars. Un député socialiste avoue ne pas savoir ce qui va l’emporter, entre "raz de marée frontiste" sur fond d'islamophobie et "remobilisation de l'électorat de gauche" sur fond de "sursaut républicain".
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