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Budget de la Défense : les dessous d'un arbitrage

3 milliards 800 millions d'euros supplémentaires pour l'armée : c'est le principal arbitrage rendu ce matin par François Hollande le chef de l'Etat devait adapter les moyens du ministère de la Défense à la montée de la menace terroriste, dans et hors de nos frontières.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Louise Bodet © Radio - France Christophe Abramowitz)

Un choix assumé, et soigneusement mis en scène à l'issue du Conseil de défense, ce matin à l'Elysée : "la sécurité, la protection, l'indépendance sont des principes qui ne se négocient pas" a déclaré, très martial,  François Hollande. "La sécurité est un élément de la cohésion nationale, car c'est la condition de la croissance et de l'emploi" , complète, en privé, le président. "Comment relancer la consommation, l'investissement, si la peur règne, si les gens se calfeutrent chez eux face à une situation incertaine ?" La rallonge budgétaire s'élèvera donc à 3 milliards 800 millions d’euros pour les années 2016-2019. Une somme "considérable", affirme le président qui, par ailleurs, et c’est très important, choisit de sauver 18 500 postes sur les 34 000 qui devaient être supprimés d’ici 5 ans. 

 

Le Drian et Sapin bras dessus, bras dessous 

 

Des arbitrages préparés lors d'une réunion lundi dernier, avec autour du chef de l'Etat, les 2 principaux protagonistes. Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense.. Michel Sapin, ministre des Finances. Tous 2 amis de 40 ans du président.. Même casting ce mercredi matin juste avant le conseil de défense. Les derniers détails ont alors été réglés en petit comité et entre amis, et un peu plus tard, à la sortie du conseil des ministres, Michel Sapin et Jean-Yves le Drian ont affiché leur belle entente, bras dessus bras dessous et tout sourire sur le perron de l'Elysée.  Le message est limpide : tout le monde a gagné. On l'a vu, les demandes du ministère de la défense ont été entendues. Mais la ligne Sapin l'emporte néanmoins sur certains choix, ainsi, à propos du trou dans le budget 2015. 2 milliards 200 millions d’euros, qui correspondent à la vente de fréquences hertziennes à des opérateurs téléphoniques. Une vente malheureusement retardée. Aujourd'hui, le chef de l’Etat a tranché : on trouvera ces milliards sans avoir à créer les sociétés de projets voulues par le ministère de la défense. Des structures qui auraient racheté les matériels militaires pour ensuite les louer à l’armée, coûteux et inutile, selon Bercy.

Par ailleurs, la Défense elle-même est amenée à faire des économies. C'est ce que réclamait Bercy et c'est sur le montant de ces économies que le débat a été le plus âpre économies notamment sur les frais de carburant, cela n'est pas du tout un détail. L'armée est une grosse consommatrice de carburant, dont le prix est actuellement très bas, ce qui devrait faire économiser au budget de la Défense 1 milliard 200 millions d'euros sur les 5 années qui viennent..

 

Les autres ministères paieront l'addition 

 

Reste une question, de taille : où trouver l'argent, au-delà de ces petites économies ? Pour les 2, 2 milliards manquants au budget 2015, l'Elysée avance de possibles jeux d'écriture comptable : les équipements commandés cette année seront payés sur l'exercice 2016, l'idée étant que les fameuses fréquences hertziennes soient bien vendues l'an prochain, afin que l'Etat puisse s'y retrouver. Sinon ? Eh bien, sinon, les autres ministères vont devoir payer l'addition, à l'exception de ceux dont le budget est sanctuarisé, l'Education, l'Intérieur, la Justice, la Culture..

Pour les 4 années suivantes, c'est pareil.. il va falloir trouver pour la défense 600 millions en 2016, 700 millions en 2017, 1 milliard en 2018 et 1 milliard et demi en 2019.. "Ca va faire beaucoup pour les autres ministères", reconnaît la présidence.. mais c'est le prix à payer pour la maîtrise des dépenses publiques..  l’essentiel de l’effort étant, comme de bien entendu, renvoyé au prochain quinquennat..

 

 

 

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