Ecotaxe : le recul sans le saut
Ségolène Royal bénéficiait pourtant d’un certain crédit auprès des écologistes, et peu de socialistes peuvent en dire autant. Son retour au gouvernement au printemps dernier devait contrebalancer le départ des ministres écolos. Et l’ancienne candidate à la présidentielle a rempli sa mission. Sa loi sur la transition énergétique bénéficiait d’un a priori favorable. Mais pour l’écotaxe, c’est autre chose.
Dès sa nomination, Ségolène Royal avait affiché son scepticisme sur cette taxe. Sur le principe tout d’abord, l’écologie ne doit pas rimer avec impôts, estimait cette politique aguerrie. Sur le plan économique également, le prélèvement de l’écotaxe, organisée par le gouvernement Fillon coute extrêmement cher. Ajoutez à cela la crise économique que ressentent lourdement les transporteurs et la menace d’un blocus qui aurait lui aussi pesé son poids économique, et vous obtenez la justification assez pragmatique de ce recul. Justifié par Matignon et soutenu comme une "sage décision" par Manuel Valls.
"Entre deux maux, il faut choisir le moindre"
Seulement cela reste un recul, et les écologistes ne l’admettent pas. Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’Europe-écologie-Les verts, est "scandalisée". Les associations environnementales également. Car l’écotaxe reposait sur deux principes chers aux défenseurs de l’environnement : utilisateur-payeur et pollueur-payeur. L’écotaxe devait dissuader le transport routier, et financer l’entretien des voies de circulations. Autant de projets qui tombent à l’eau. Même si Ségolène Royal envisage de mettre les sociétés d’autoroute à contribution.
Ce qui reste, c’est l’annonce de la suspension sine die, d’où l’indignation de Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour l’ancienne ministre UMP qui avait initié cette procédure, Ségolène Royal "tue l’écotaxe et assassine l’écologie". Quant à l’ancien ministre socialiste de l’Environnement, il juge que cette suppression envoie "un très mauvais signal pour l’objectif de transition énergétique".
Le gouvernement est une nouvelle fois fâché avec beaucoup de monde, sur sa droite et sur sa gauche. "Gouverner, c’est choisir", disait Pierre Mendès-France. "Entre deux maux, il faut choisir le moindre", précise l’adage. Entre un pays bloqué et une économie paralysée par un mouvement de routiers, et la mise en place d’un système qui coûte autant qu’il rapporte (selon des sources gouvernementales) Ségolène Royal et Manuel Valls ont choisi. De toute façon, l’impopularité et les critiques sont le lot quotidien du gouvernement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.