Édito
À l'approche des Jeux olympiques, la paix sociale quoi qu'il en coûte

Les mouvements sociaux sont à l’échauffement avant le début des Jeux olympiques. Alors qu'une grève des contrôleurs aériens était prévue jeudi, plusieurs syndicats ont finalement décidé de lever leur préavis après avoir obtenu un accord de dernière minute.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des contrôleurs aériens à la tour de contrôle de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, le 8 août 2019. (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

Même si le trafic demeure perturbé jeudi 25 avril, les contrôleurs aériens ont levé leur préavis de grève, après avoir obtenu satisfaction. Ils contestaient le projet de refonte du contrôle aérien voulu par le gouvernement, une modernisation supposée répondre plus efficacement au surcroît d’activité et aux impératifs de sécurité. Les syndicats réclamaient des contreparties sociales, en particulier des hausses de salaires. Et il a suffi de deux menaces de grève, l’une aujourd’hui l’autre pour la semaine prochaine, lors du pont de l’Ascension, pour que les contrôleurs aériens obtiennent gain de cause ! 

Un effet Jeux olympiques 


Les mouvements sociaux sont à l’échauffement avant le début des JO. Le ministre des Transports Patrice Vergriete a beau parler d’un "accord gagnant-gagnant", les vrais gagnants, ce sont les contrôleurs aériens et c’est bien la proximité des Jeux olympiques qui a incité le gouvernement à lâcher du lest aussi vite. Pas question de laisser le climat social se tendre alors que Paris s’apprête à accueillir le monde entier. Pas question de prendre le risque de voir le pays à l’arrêt.

C’est un grand classique de l’histoire sociale. En 1998, les pilotes s’étaient mis en grève juste avant la Coupe du monde de football. Le mouvement avait cessé, comme par miracle, le jour du début de la compétition parce que le gouvernement Jospin de l’époque s’était dépêché de céder aux revendications des grévistes.

Le succès des contrôleurs aériens pourrait-il faire école ? C’est ce qu’on redoute au sein de la majorité, plus particulièrement du côté de Bercy. Au vu de l’ampleur des déficits publics, Bruno Le Maire a la main sur la caisse. Mais la paix sociale, ça peut coûter cher. Le gouvernement a promis des primes aux agents de la fonction publique mobilisés sur le terrain, et notamment ceux qui sont contraints de repousser leurs congés d’été. À la SNCF, les syndicats et la direction viennent de conclure un accord qui détricote les effets de la réforme des retraites pour les cheminots qui veulent partir plus tôt. Ailleurs, comme à la RATP, la CGT a déjà déposé un préavis de grève qui couvre toute la durée des épreuves olympiques et paralympiques. Et voilà qu’un syndicat de policiers menace de perturber le parcours de la flamme olympique à travers le pays si les primes promises aux forces de l’ordre par Gérald Darmanin ne sont pas rapidement versées. On le voit, pour le gouvernement aussi, les Jeux s’annoncent plutôt sportifs.

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