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Édito
Affaire Depardieu : quand Olivier Véran prend le contre-pied d’Emmanuel Macron
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran fait entendre une petite musique bien différente de celle d'Emmanuel Macron. Alors que le président avait soutenu Gérard Depardieu, défendant un "immense acteur" qui "rend fière la France", et était allé jusqu’à dénoncer une "chasse à l’homme" contre lui, Olivier Véran préfère se dire "choqué" par les propos insultants envers les femmes tenus par le comédien dans les images révélées par Complément d’enquête, des propos qu’il trouve "nuls". Et quand le chef de l’État avait eu à peine un mot pour les victimes présumées, Olivier Véran insiste sur BFMTV : "J’ai une pensée pour les personnes qui se sont senties offensées, qui sont victimes".
Peut-on dire qu’Olivier Véran corrige le président ? Disons que c’est un peu le "lui, c’est lui et moi, c’est moi" version 2023. Un ministre qui ne soutient pas les propos du chef de l’État et qui dit même le contraire, ce n'est pas tout à fait dans l’ordre des choses. Olivier Véran, de sa stratégique place de porte-parole du gouvernement - et pas du président en l’occurrence -, voulait sans doute mettre fin au débat, un débat qui déchaîne passions et réactions. Il voulait aussi certainement parler avec sincérité d’un sujet grave qui se prête peu à la langue de bois. Mais en soulignant en creux, que les propos d’Emmanuel Macron n’engagent que lui, son ministre accentue aussi le malaise et le fait que le président, n’aurait pas dû dire ça.
Une erreur de jugement du président ?
Emmanuel Macron connaît trop le poids des mots. Dire que Gérard Depardieu rend "fière la France" quand ces dernières années, il y a eu des plaintes, des récits, des faits aussi, ceux rapportés par France 2 notamment, parler également de "chasse à l’homme" quand on sait la difficulté pour une victime de porter plainte, le président aurait pu soutenir l’acteur de façon plus sobre et équilibrée, sachant que le comédien est évidemment présumé innocent.
Avec ses propos, Emmanuel Macron efface toute son action sur le sujet, lui qui avait érigé la lutte contre les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat. Peut-être que le président voulait envoyer un signal à un électorat âgé, plus méfiant envers les mouvements féministes. Si c’était le cas, il semblerait qu’il ait raté sa cible. Selon un sondage Elabe, un Français sur deux, y compris les 65 ans et plus, juge que le chef de l’État a trop défendu Gérard Depardieu.
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