Édito
En l'absence d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal entend prendre la lumière

Emmanuel Macron a entamé dimanche sa traditionnelle pause estivale au fort de Brégançon, sur la côte varoise, ce qui laisse toute latitude au Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal pour occuper l'espace médiatique.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre français démissionnaire Gabriel Attal assiste à un point de presse au centre de crise du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, à Paris, France, le 30 juillet 2024. (ANDRE PAIN / EPA)

Emmanuel Macron est arrivé dimanche 28 juillet  à Brégançon pour quelques jours de vacances ce qui laisse toute liberté au Premier ministre démissionnaire pour gérer les affaires courantes à sa façon, c’est-à-dire de manière très visible. Gabriel Attal, c’est un peu Shiva, personnage de la mythologie hindoue à quatre mains. Une pour le tambour, (qui donne le rythme), une autre qui protège, la troisième qui tient la flamme (pour détruire ce qui doit l’être), la dernière qui représente l’espoir de libération. 

Question rythme, ces derniers jours, le chef du gouvernement démissionnaire passe de Léon Marchand à la piscine olympique à la finale du sabre et au canoë avec Tony Estanguet pour la médaille de Nicolas Gestin. Il est même présent à l’équitation et à la gym (quand il n’y a pas de tricolores). "Les médailles fédèrent les Français qui en ont bien besoin" souligne-t-il avec des accents protecteurs, en conférence de presse au ministère des Transports … Suivez son regard ! Il dénonce les sabotages SNCF, suggère de bien s’hydrater avec les fortes chaleurs, et redonne l’espoir d’une Seine baignable pour le triathlon avec les prévisions météo des prochains jours. Et ça continue, mercredi après-midi à 14h30, réunion JO avec tous les ministres de plein exercice. Devinez qui parlera à la sortie : évidemment lui.

S'il arrive qu'un Premier ministre prenne ses aises en l’absence du Président, l'exercice peut parfois s'avérer périlleux. En août 94, Édouard Balladur avait été critiqué pour s’être un peu trop vanté d’avoir "présidé" un conseil de Défense alors qu'il ne faisait que remplacer au pied levé François Mitterrand, malade qui avait décidé au dernier moment de ne pas l’assurer. Il n'est jamais bon de s'imaginer Calife à la place du Calife. En leur temps Nicolas Sarkozy ministre de l'Intérieur défiant le Président Jacques Chirac ou Manuel Valls s'imaginant à la place de François Hollande s'en étaient mordu les doigts. 

Les enjeux "du pacte d'action"

Dans le cas présent, Gabriel Attal n'a plus grand-chose à perdre, il est démissionnaire ! Le Président, qui ne l'a pas mis dans la boucle pour la dissolution, l’a libéré de son devoir de loyauté. "Attention quand même, prévient un conseiller du Centre, à ne pas paraître trop revanchard ou calculateur"  
Cela tombe bien, le "pacte d'action" qu'il a présenté mardi aux députés macronistes (puisqu'il est désormais leur chef)  pourra toujours lui servir de gage offert au président compatible avec toutes les hypothèses de coalition ! Un peu de sécurité et de valeurs pour LR, des services publics et de l’écologie pour la gauche, de l’Europe et des institutions pour la macronie, et une notion qui sonne comme un contre-feu à la candidate du Nouveau Front populaire : Lucie Castet : la "justice fiscale" ! 

Selon plusieurs sources, Gabriel Attal aurait déjà dans la poche une partie des conseillers de l'Élysée écœurés par la dissolution et convaincus que la suite s'écrit avec lui. Emmanuel Macron serait peut-être bien inspiré de réapparaître à la piscine olympique ce soir. Histoire de ne pas laisser tout le champ libre... 
 

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