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Édito
Immigration : le dérapage révélateur d'un député RN

Retour sur le violent incident, survenu jeudi 3 novembre à l’Assemblée nationale. Au moment où un député insoumis, Carlos Martens Bilongo, se souciait du sort des migrants secourus en Méditerranée, un député RN a lancé : "Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique !"

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le député RN de Gironde Grégoire de Fournas, à l'Assemblée nationale le 26 juillet 2022 (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Ces propos jugés "intolérables" par tous les autres groupes parlementaires, et qui ont "heurté" jusqu’au chef de l’Etat. Les appels à la démission de ce député, Grégoire de Fournas, se multiplient. Les autres groupes refusent de siéger tant qu’il n’aura pas été lourdement sanctionné. Il est convoqué vendredi à cet effet devant le bureau de l’Assemblée.

Pour se justifier, l’élu lepéniste assure qu’il ne visait pas son collègue insoumis, dont la peau est noire et les parents d’origine africaine, mais les migrants. Étrange défense reprise par Marine Le Pen. Comme si balancer "Qu’ils retournent en Afrique !" à des réfugiés qui s’entassent sur des embarcations de fortune au péril de leur vie, ce n’était pas foncièrement raciste… Quand on entend un pilier de comptoir dans un bistrot dire la même chose, on n’a pas vraiment de doute.

L'incident tombe mal pour Marine Le Pen

Très mal. Depuis les législatives, elle cornaque ses troupes de près. C’est la fameuse "stratégie de la cravate", pour paraître sage et sérieux. Et là patatras, chassez le naturel xénophobe, et il revient au galop ! Au passage, l’épisode devrait mettre un terme à ses petits coups tactiques pour déstabiliser la Nupes. On voit mal comment les insoumis pourraient encore accueillir sans broncher les voix du RN quand ils déposent une motion de censure, et ils devraient désormais en soigner la rédaction.

Cet épisode est révélateur : il illustre une fois encore que le parti d’extrême droite n’a pas changé. Lors de l’installation de l’Assemblée, un autre député RN qui présidait la séance en tant que doyen avait fait l’éloge de l’Algérie française et des terroristes de l’OAS. En 2022 ! Quant au programme, c’est toujours le principe discriminatoire de la "préférence nationale", qui vise par exemple à "remettre rapidement sur le marché" pour les Français "les 620 000 logements occupés par des étrangers". Ce qui signifie au bas mot expulser 1,5 million de personnes, enfants compris, du seul fait de leur nationalité.

Le mois dernier, le RN a aussi défendu un amendement pour interdire aux salariés "non européens" de participer aux élections professionnelles dans leurs entreprises. Décidément l’extrême droite, c’est quand elle tombe la cravate qu’on la reconnaît le mieux.

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