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Édito
Intempéries et crise climatique : l'émotion et la compassion des politiques ne peuvent pas suffire
Deux semaines après des inondations spectaculaires en France, l’émotion face aux images du désastre en Espagne pose une nouvelle fois la question de la réponse politique apportée au dérèglement climatique. "Pleine solidarité avec nos amis espagnols", a twitté Emmanuel Macron, mercredi 30 octobre, depuis le Maroc. Le président fait part de sa solidarité et la France se tient prête à porter assistance aux équipes de secours. Le chef de l’État qualifie les inondations de "terribles", ce qui signifie littéralement qu'elles inspirent la terreur. La ministre de l’Écologie, Agnès Pannier-Runacher, parle d’images "dramatiques".
Se joue sous nos yeux une scène qui nous bouleverse, une scène qui, comme au théâtre, était pourtant écrite d’avance. Cela devrait inciter les responsables politiques à sortir du registre de l’émotion. Ce que fait davantage Michel Barnier, le Premier ministre, quand il réagit en écrivant que les Européens, confrontés aux mêmes risques, doivent trouver des réponses ensemble "avec solidarité et détermination".
"Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas"
Pas plus tard que la semaine dernière, le Premier ministre a présenté son plan d’adaptation au changement climatique depuis une commune ravagée par la montée des eaux dans le Rhône. Mais ce plan - le troisième déjà - a été présenté avec, au bas mot, trois mois et demi de retard. Avec les élections européennes puis la dissolution, les priorités du précédent gouvernement étaient ailleurs, comme s’il était possible d’attendre. S'il est difficile d'en rendre responsable le nouveau locataire de Matignon, les spécialistes s’inquiètent de voir ce plan moins ambitieux que prévu : des intentions, peu de contraintes et surtout pas assez de moyens.
L’écologie est une des grandes victimes des choix faits pour réduire le déficit budgétaire. La ministre en charge juge que le budget est si peu à la hauteur qu’elle a menacé de démissionner - sans le faire. "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", avait alerté Jacques Chirac en 2002, au sommet de Johannesburg. "Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas", promettait Emmanuel Macron 20 ans plus tard, entre les deux tours de la dernière présidentielle. En arrivant à Matignon, Michel Barnier assurait que la dette écologique serait au cœur de son action, parce qu’il ne faut "jamais sacrifier l’avenir au présent", déclarait-il, en citant Pierre Mendès-France. Certes, mais l’urgence, c’est maintenant. Les Français ne peuvent plus se payer de mots. Ni se satisfaire de voir des ministres surgir en bottes pour compatir avant de repartir. Il est de la responsabilité des politiques de rompre avec le sentiment d’impuissance.
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