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Édito
La colère présidentielle, un classique de la communication élyséenne

Face à l’envol des prix de l’énergie, le gouvernement déploie des dispositifs d’aide pour les petites entreprises, mais c’est parfois tellement compliqué que même Emmanuel Macron s’y perd.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron devant les boulangers à l'Elysée le 5 janvier 2023, à l'occasion de la cérémonie de la galette de l'Epiphanie (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"Ras-le-bol des numéros verts dans tous les sens !" Le chef de l’État a lâché cette petite phrase jeudi 5 janvier à l’Elysée, lors de la cérémonie de la galette, devant un parterre de boulangers auquel le gouvernement a promis un numéro vert pour s’informer sur les aides  à disposition. Sauf qu’il a composé le numéro lui-même, et que cela ne fonctionnait pas !
 
Ce n’est pas la première fois que le président se met en colère, c’est même un classique de la communication élyséenne. Il y a un mois, il s’était planté devant les caméras pour fustiger ceux qui "racontent n’importe quoi" en évoquant des menaces de coupures d’électricité susceptibles de toucher des malades sous respirateur. Plus loin de nous, en janvier 2021, Emmanuel Macron s’était emporté contre le rythme trop "pépère" de la campagne de vaccination contre le Covid. Sans parler des savons passés pendant les Conseils des ministres à des membres du gouvernement jugés coupables d’avoir trop parlé à la presse.

>> Emmanuel Macron s'agace lors de la grève des contrôleurs de la SNCF

L’amusant, c’est que quand que le président pousse un coup de gueule à huis clos, l’Elysée le fait fuiter dans la presse. Parce qu’il s’agit bien d’une stratégie de communication : c'est d’abord une manifestation d’autorité. La colère est forcément jupitérienne, c'est une façon de montrer à ses troupes "qui c’est Raoul", comme disaient Les Tontons flingueurs, l’un des films préférés d'Emmanuel Macron. Et c’est aussi un moyen de se défausser sur l’administration quand une décision n’est pas suivie d’effet.

Des dispositifs de soutien trop complexes ?


Après le "quoi qu’il en coûte" pour tous, voici venu le temps des aides ciblées. Mais pour les intéressés, il est souvent compliqué de comprendre s’ils sont éligibles ou pas. C’est plus complexe encore à l’heure de la dématérialisation de services de l'État, quand vous n’avez plus d’interlocuteurs à qui parler mais seulement des adresses mail ou des répondeurs…

D’ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé que lundi, dans chaque département, les boulangers auront un numéro "avec au bout de fil quelqu’un qui répondra avec humanité et expertise". "On va s’organiser !", a-t-il promis. Une façon de dire qu’il doit vraiment tout faire lui-même. Enfin, presque : ce n’est quand même pas lui qui répondra aux appels.

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