Édito
La Seine-Saint-Denis veut réussir "ses" Jeux olympiques 2024 sur le long terme

Le département accueille la moitié des épreuves des Jeux olympiques de Paris 2024. Alors, gagnante ou pas, la Seine-Saint-Denis ?
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le village olympique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (RYOHEI MORIYA / YOMIURI SHIMBUN VIA AFP)

Les Jeux olympiques de Paris 2024 sont sur les rails. Les Jeux de Paris... ou les Jeux de la Seine-Saint-Denis, comme l'ont dit certains avec cette question : le 93 a-t-il déjà gagné ses olympiades ? En termes d'image, vu d'où il partait, ça ne peut qu'améliorer les choses. La Seine-Saint-Denis, c'est 28% de la population sous le seuil de pauvreté et une réputation mondiale de chaos : vous vous souvenez de la finale de Ligue des champions il y a deux ans. Or, la moitié des épreuves de Paris 2024 s'y déroulent. C'est une dizaine de disciplines. Il y a l'escalade au Bourget, le plongeon et le waterpolo au nouveau centre aquatique de Saint-Denis, l'athlétisme et le rugby à sept au Stade de France, sans oublier la boxe à Villepinte. Et en tout, c'est près de 80 % des investissements de Solideo, la société qui livre les ouvrages olympiques. On parle de plus d'un milliard d'euros.

Et c'est promis, d'ailleurs, pas "d'éléphant blanc" une fois que la vasque olympique sera éteinte, comme c'était le cas à Athènes par exemple. Depuis le début, le maître mot, c'est vraiment "héritage". Concrètement, ça veut dire que le village des athlètes - bâtiments basse consommation, couloir de mobilité douce à Saint-Denis - doit se transformer en 4000 logements neufs et 120 000 mètres carrés de bureaux, plus quatre groupes scolaires si on inclut le village des médias de Dugny.

Un héritage et des besoins

L'ennui, c'est qu'on est très loin des besoins. Il manque en Seine-Saint-Denis 233 000 logements et aujourd'hui on en attribue 10 000 par an. Et on sait qu'à la à peu près les trois quarts du village des athlètes va être vendu à des particuliers ou devenir des résidences étudiantes ou des hôtels. La crainte, donc, c'est que tout ça accélère finalement la gentrification, un peu comme à Stanford, la banlieue ouvrière de Londres où le village des athlètes en 2012 est devenu un ensemble de logements haut de gamme.

Côté transport. Il y a certes la ligne 14 du métro qui a été prolongée depuis juin, des départementales rénovées, mais là aussi, le Grand Paris Express, qui doit relier Saint-Denis à Orly, au sud, a pris du retard. Il y a certes un nouveau protocole d'un milliard d'euros qui va prolonger d'autres lignes, mais le retard reste conséquent.

Alors, gagnante ou pas, la Seine-Saint-Denis ? On va dire plutôt oui, mais on verra sur le long terme. Là où le Stade de France était venu s'installer surtout parce que le foncier était plus accessible, les Jeux vont-ils créer une vraie dynamique de développement ? Stéphane Troussel, qui est aux commandes du département depuis douze ans, a coutume de dire qu'on y créer plus d'emplois que la moyenne nationale, mais que ça profite surtout aux habitants extérieurs. L'héritage devra aussi être immatériel, c'est-à-dire remettre la population au sport. Le département se retrouve avec cinq nouvelles piscines, mais il faut savoir qu'un élève sur deux en Seine-Saint-Denis ne sait pas nager à l'entrée au collège.

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