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Édito
Le populisme bien élevé de Laurent Wauquiez

La réforme des retraites a déchiré les Républicains ; la droite s’enfonce dans la crise, et Laurent Wauquiez sort du silence
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, lors d'une conférence de presse à Lyon le 12 décembre 2022 (NORBERT GRISAY  / MAXPPP)

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes accorde un long entretien à nos confrères de l'hebdomadaire Le Point (article réservé aux abonnés). Il faut dire qu’il y avait urgence. Sa disparition tout au long de la crise sociale a fâché à droite, y compris le patron de LR, Eric Ciotti, qui l’avait intronisé comme candidat naturel pour 2027 dès l’automne dernier. Eric Ciotti et le président du groupe des députés LR, Olivier Marleix, ont attendu en vain un coup de main de Laurent Wauquiez, officiellement favorable à la réforme, quand ils essayaient de convaincre les députés LR de l’approuver. Pire, plusieurs députés de sa région ont voté la motion de censure.

L'épisode a encore renforcé sa réputation de "planqué" au sein de son propre camp. Et certains ont même commencé  à douter de sa détermination pour la présidentielle. Laurent Wauquiez a pourtant, clairement, toujours l'intention de se présenter en 2027.

Les contours d'un projet très à droite

Tout au long de cet entretien, il esquisse les contours d’un projet ancré très à droite. Il veut lutter contre "l’idéologie de la déconstruction" qui plonge le pays dans la "décadence". Il s’agit de restaurer un pouvoir fort qui se donne les main libres en supprimant les autorités indépendantes comme l’Arcom, qui régule les médias, l’Anses, qui régit la sécurité sanitaire, ou la Commission nationale informatique et libertés (Cnil). Et remettre la main sur "l’administration politisée" qui s’est "autonomisée du politique", ce qu’il appelle "l’Etat profond" qui gouverne le pays.

Cela ne vous rappelle rien ? C’est du Trump, tout simplement. Une sorte de populisme, bien élevé mais autoritaire, qui correspond d’ailleurs à la politique que Laurent Wauquiez mène dans sa région, par exemple en supprimant les subventions aux associations et institutions culturelles qui osent critiquer ses choix.

Mais il n'est pas sûr que ce projet puisse rassembler les électeurs de droite. Il pourrait même augmenter les contingents de la droite modérée et pro-européenne qui a rallié Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Laurent Wauquiez rêve, lui, de les récupérer et se dit convaincu que la présidentielle se jouera entre Marine Le Pen et lui. Pour l’heure, la candidate d’extrême droite culmine au-dessus de 30 % dans les sondages et son challenger de droite extrême plafonne autour de 5%.

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