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Édito
Notre démocratie parlementaire n'a pas la culture du dialogue et du compromis
Les discussions ont repris entre le gouvernement et la droite, pour tenter de sortir du blocage créé par le rejet par l’Assemblée du projet de loi sur l’immigration. Avant la réunion de la commission mixte paritaire prévue lundi, Élisabeth Borne a reçu les responsables du groupe LR à Matignon, mercredi 13 décembre.
Comme les macronistes ne sont pas majoritaires, ils ont besoin d’un accord avec la droite pour accoucher d’un texte commun. LR veut revenir au texte validé par la droite sénatoriale, une version durcie, approuvée jeudi 14 décembre par Bruno Le Maire, mais qui irrite l’aile gauche de la majorité. Chacune des deux parties devra donc lâcher du lest pour aboutir à un compromis.
La faute des institutions et des comportements
Mais la négociation ne fait pas partie de notre culture politique. Contrairement à la plupart de nos voisins, allemands, belges ou italiens par exemple, la discussion en vue de bâtir une coalition est étrangère à nos usages démocratiques. Jusque-là, l’exécutif n’en avait pas besoin. Il s’appuyait sur des majorités écrasantes, souvent dites "godillots", nées du mode de scrutin des législatives et qui obéissait à la toute-puissance présidentielle de nos institutions. L’absence de majorité absolue à l’issue du scrutin de juin 2022 laissait espérer un changement. Il n’en est rien.
C'est à la fois la faute des institutions et la faute des comportements. Des outils comme l’article 49-3, ou la maîtrise de l’ordre du jour parlementaire par l’exécutif, confortent la verticalité du pouvoir. Mais les comportements aggravent ce déséquilibre. La majorité cherche à imposer ses vues plutôt que négocier vraiment, et pèche par arrogance. On l’a vu avec l’attitude de Gérald Darmanin sur l’immigration.
Pour les deux camps, discuter, c’est déjà trahir
Emmanuel Macron multiplie les coups de menton et contourne volontiers le Parlement pour mettre en scène un pouvoir personnel, comme l’ont illustré les rencontres de Saint-Denis, un barnum inimaginable chez nos voisins. Quant aux oppositions, elles versent souvent dans le sectarisme le plus caricatural. Bref, pour les deux camps, discuter, c’est déjà trahir. La preuve : depuis 18 mois, plus de 40 textes ont été adoptés sans que ni la majorité, ni les oppositions ne se félicitent haut et fort d’avoir conclu des compromis.
De part et d’autre, on a le dialogue honteux et caché, et on préfère mettre en scène incidents et invectives à l'Assemblée nationale pour plaire à son camp plutôt que de convaincre au-delà. Notre démocratie parlementaire est encore loin d’être mature. Reste à savoir si les crises à répétition lui laisseront le temps de grandir.
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