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Édito
Où en est Emmanuel Macron l'européen ?
Les dirigeants de l’Union européenne ont validé jeudi 14 décembre l’ouverture de négociations pour l’entrée de l’Ukraine dans l’UE. Emmanuel Macron s’était fortement engagé en ce sens. Englué dans la crise politique sur la scène intérieure, le chef de l’État cherche de l’oxygène à l’extérieur, sur la scène européenne.
Mercredi, il avait insisté sur l’enjeu crucial de ce sommet et appelé l’UE à être "au rendez-vous du soutien entier et durable à l'Ukraine". Surtout à un moment où l’aide occidentale semble fléchir.
En fait, depuis sa réélection, Emmanuel Macron n’en finit plus de lancer, et de relancer ce quinquennat chaotique, mal emmanché dès le départ. Faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, mais aussi faute de boussole. Beaucoup au sein même de la majorité déplorent une absence de cap clair. Sur plusieurs sujets, l’immigration, l’environnement, la laïcité, et d’autres, il s’est comme perdu dans les zigs-zags du "en même temps", à dire un peu tout et son contraire. Pour se refaire une santé, le chef de l’État mise donc, notamment, sur son engagement européen.
Réformer le fonctionnement de l'UE
Sur ce thème-là, il n’a pas varié. Autant le macronisme semble parfois flou, autant l’Europe fait partie de son ADN. Dès sa campagne de 2017, le candidat Macron se revendiquait viscéralement pro-européen. Ses supporters brandissaient des drapeaux européens dans ses meetings. L’Ode à la joie, l’hymne officiel de l’UE, accompagna ses premiers pas en public au soir de ses deux victoires présidentielles, sans oublier ses discours enflammés d’Athènes ou de la Sorbonne à l’automne 2017. Au fil des crises, il a perdu de sa fougue et davantage plaidé pour une Europe protectrice, face au Covid, au défi migratoire ou à la menace russe. Le chef de l’État s’est même converti à la défense de la souveraineté européenne. Mais sur le fond, il ne dévie pas. Il veut conforter l’intégration, et réformer le fonctionnement de l’UE pour aller plus loin.
Un discours qui n’est pas dans l’air du temps en Europe, d’où le lourd défi, un de plus, qui se pose au Président. Car un peu partout, les partis d’extrême droite anti-européens progressent. Et accèdent parfois au pouvoir, comme aux Pays-Bas ou en Italie. La France n’échappe pas à cette tendance illustrée par la montée en puissance de Marine Le Pen, qui conserve une coupable indulgence pour Vladimir Poutine. Et pourtant, alors que la tête de liste du RN, Jordan Bardella, caracole en tête des sondages pour les élections européennes du 9 juin, la majorité macroniste n’a toujours pour l’heure ni chef de file, ni liste, ni projet.
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