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Édito
Réforme des retraites : "la dignité de la rue" face au "spectacle lamentable" de l'Assemblée

A l’Assemblée nationale, le débat sur la réforme des retraites entre sa deuxième semaine. Peut-on espérer que le climat s’apaise quelque peu ? L'édito de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les députés débattent de la réforme des retraites, à l'Assemblée nationale, le 8 février 2023. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / AFP)

Le contraste était saisissant samedi avec des défilés massifs et pacifiques un peu partout dans le pays, au lendemain d’une nouvelle journée de vociférations au Palais-Bourbon. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a d’ailleurs opposé dimanche "la dignité de la rue" au "spectacle lamentable" de l’Assemblée. Comprenez: il souhaite que les députés se ressaisissent.

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Il faut dire que pour l’heure, les cris, huées et hurlements en tous genres tiennent lieu de débat. Les Insoumis s’en prennent tout particulièrement au ministre du Travail, Olivier Dussopt. Un député, Thomas Portes, a même cru bon poster sur les réseaux sociaux une photo où, ceint de son écharpe tricolore, il pose fièrement le pied sur un ballon décoré du visage du ministre. Et les 20 000 amendements, pour la plupart déposés par la Nupes, ont achevé de plomber l’examen du texte qui n’en est qu’à l’article 2.

Agacements à tous les niveaux

L’opposition accuse le gouvernement de vouloir écourter les débats : à 50 jours au maximum pour toute la discussion parlementaire en s’appuyant sur le désormais article 47-1 de la Constitution. Mathilde Panot, la cheffe de file des Insoumis, accuse aussi la majorité de prendre prétexte du moindre incident pour interrompre la discussion. Peut-être, mais ces incidents à répétition existent bel et bien. Et ce sont bien les Insoumis qui les créent. Ce qui n’agace d’ailleurs pas seulement le gouvernement, mais aussi les syndicats, et même une partie de la Nupes. Car à gauche, de plus en plus de voix veulent cesser cette guérilla pour débattre sur le fond, et notamment de l’article 7 du texte, celui qui reporte l’âge légal du départ en retraite de 62 à 64 ans.

Avec la volonté de défendre une autre réforme des retraites et surtout d’incarner une alternative de gouvernement. Parce que si la colère de l’opinion hostile à la réforme d’Élisabeth Borne finit par se traduire par du ressentiment dans les urnes, on peut craindre que le RN en tire profit, faute de concurrence crédible à gauche.

Quand la rue offre une leçon de démocratie à des députés qui sombrent dans l’hystérie, et que même Marine Le Pen ose appeler la Nupes à la "sérénité", il y a tout à craindre de l'issue des prochaines échéances électorales.

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