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Édito
Réforme des retraites : le coup de gueule d'Emmanuel Macron
Le président de la République a poussé un coup de gueule, lors de la réunion hebdomadaire des ministres à l'Elysée. Une colère provoquée par le rejet lundi soir de l’article 2 du projet de loi sur la réforme des retraites, celui qui portait sur l’index seniors imposé aux entreprises. Un revers pour l’exécutif, infligé par une majorité hétéroclite composée de députés de gauche, de droite et d’extrême droite. C’est ce qui a mis en rogne le chef de l’État. Il a donc dénoncé, dans le huis clos du Conseil des ministres, des "oppositions sans boussole" et "totalement perdues" qui se détournent des "préoccupations des Français", en l’occurrence l’enjeu de l’emploi des salariés de plus de 55 ans.
Emmanuel Macron cherche ainsi à mettre en contradiction les partis d’opposition avec leurs électeurs. Surtout la droite puisque LR, qui prônait la retraite à 65 ans, rechigne à approuver le report à 64 ans, mais aussi les socialistes qui ont fait voter l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités, et qui se sont ralliés au retour au départ à 60 ans défendu par les insoumis. Emmanuel Macron veut également appuyer sur l’hétérogénéité de ses opposants qui ont donc mêlé leurs voix, de la gauche au RN. Toujours la même façon de prendre l’opinion à témoin pour montrer qu’il n’existe aucune majorité alternative cohérente. Ce que va d’ailleurs souligner la motion de censure déposée par Marine Le Pen, qui n’a aucune chance d’aboutir puisqu’elle ne devrait être votée que par les seuls députés RN.
Un président "accablé" par "les petits calculs" des oppositions
Sortir du silence, c’est aussi prendre un risque politique pour Emmanuel Macron. Plus encore à la veille de la cinquième journée nationale de mobilisation, jeudi 16 février. Par sa fonction, et même sa personne, le chef de l’État cristallise les oppositions. L’antimacronisme, c’est le principal ciment de la Nupes qui a tant de mal à faire son unité, y compris sur sa stratégie parlementaire sur la réforme des retraites.
C’est la raison pour laquelle il avait jusque-là laissé en première ligne le tandem Borne-Dussopt sans prendre lui-même la parole. Seulement voilà, du côté de la majorité on laisse entendre que le président serait accablé par "les petits calculs" de ses opposants. Et qu’il piafferait d’en découdre à son tour. Au risque de déclencher un effet boomerang qui redonne force et vigueur à ses adversaires.
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